Les grandes étapes historiques

La Cité épiscopale s'est constituée entre le IVe siècle de notre ère et le milieu du XIVe siècle.
Les grandes étapes historiques

Au milieu du XIe siècle, Albi juxtapose un bourg circulaire à la cité, que l’on aperçoit encore aujourd’hui autour de la collégiale Saint-Salvi.

Source : © F.Guibilato – Ville d’Albi

À l’époque du bronze, le quartier appelé plus tard “Castelviel” forme un oppidum, refuge pour les populations sédentaires dispersées dans la plaine. L'occupation du site d'Albi devient plus importante et mieux structurée entre 50 avant J-C et 50 après J-C.

L'agglomération devient le chef-lieu d'une civitas et la tête d'un évêché à partir du IVe siècle. Ce rôle politique et religieux assure sa permanence au cours du haut Moyen Âge.

Protégée par une muraille, la ville coïncide alors avec la pointe occidentale du plateau isolé par le Tarn et le Bondidou, et le petit ruisseau de la Barrière jouant le rôle de fossé (actuelle rue de la Piale et impasse de la Croix-Blanche). 

Au XIe siècle, le noyau artistocratique et clérical prend le nom de “cité”. C’est également vers 940 qu’un second foyer de peuplement se développe autour de l’église collégiale Saint-Salvi.

Un pont est jeté sur le Tarn en 1040 : il fait de la ville le carrefour des routes du Quercy vers le Bas-Languedoc et de Toulouse, et de la Catalogne vers le Limousin. Son ouverture provoque l’essor d’un faubourg sur la rive droite. 

Les noyaux du bourg fusionnent

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Au milieu du XIe siècle, Albi juxtapose un bourg circulaire (celui de Saint-Salvi) à la cité ; son organisation urbaine est encore très perceptible aujourd'hui.

Les espaces libres se peuplent progressivement donnant naissance aux quartiers du Castelnau au sud de la cathédrale, puis des Combes et berges du Tarn vers le Pont-vieux.

On perçoit dans les quartiers une organisation volontaire de l'espace et une entreprise de peuplement menée par les seigneurs du sol : les chanoines de Saint-Salvi dans la zone orientale, le vicomte de Trencavel au Castelviel et l'évêque au Castelnau : dans la zone occidentale.

La dualité entre la Cité et le bourg disparaît lorsqu'une muraille vient unifier l'espace urbain.

Les différents noyaux du bourg ont ainsi fusionnés par coalescence pour donner naissance à la Cité épiscopale.

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Des hérétiques du nom d’Albigeois

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Vers 1190-1300, la Cité épiscopale connaît la période la plus marquante de son histoire : une dissidence religieuse naît au XIIe siècle dans le Midi toulousain ; les chroniqueurs désignent les hérétiques du nom d'« Albigeois », plus connus aujourd'hui sous le nom de "cathares".

Elle recrute surtout ses adhérents parmi les élites urbaines (marchands, notaires, juristes, petits nobles) qui y voient un moyen offensif pour conquérir leur autonomie religieuse, et s'efforcent de gagner ou de préserver leur indépendance politique.

Dans une époque où le pouvoir se trouve dispersé entre une multitude de cellules plus ou moins autonomes et concurrentes, l'Église exerce contre la dissidence, jugée subversive, une répression rigoureuse qui prend la forme d'une croisade contre les hérétiques (1209-1229), baptisée "croisade contre les Albigeois".

À Albi, la répression à recours à l'Inquisition, l'évêque Bernard de Combret lance alors le chantier d'un puissant château destiné à le protéger des révoltes : c'est le début de la construction du palais de la Berbie.

Mais les tensions entre les Albigeois et leur évêque se font plus vives lorsqu'en 1277, Bernard de Castanet accède au siège épiscopal.

Il décide de donner une réponse monumentale écrasante à l'hérésie et il rassemble dans une Cité épiscopale magistrale deux constructions jumelles : la Berbie, forteresse dont il poursuit l'édification, et une nouvelle cathédrale dont il inaugure la mise en chantier en 1282.

Ces monuments, formidables par leur masse, leur austérité et leur puissance deviennent alors les points majeurs du paysage.

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La cathédrale est mise en chantier en 1282

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Au XIIIe siècle, la construction de la cathédrale est avancée et la ville fortement peuplée. La "place" constitue le centre de la vie citadine, elle se développe au contact du noyau ancien de la Cité, du bourg Saint-Salvi et des quartiers du Castelnau et des Combes.

De 1345 à 1350, la ville renforce ses murailles en raison des opérations de la guerre de Cent Ans : les fortifications passent à l'ouest entre le Castelviel et la cathédrale en englobant le clocher.

Au XIVe siècle, la ville connaît une succession de famines et de pestes particulièrement meurtrières, puis une longue période de stagnation marquée par une dépopulation, qui favorise un détente financière et spatiale sur le foncier urbain, permettant une floraison d'hôtels aristocratiques tout autour de la Cité épiscopale.

La période 1460-1560 correspond à l’enrichissement des marchands, qui par le commerce du pastel et l’anoblissement rapide par l'exercice des offices royaux, font construire de belles demeures signalées par des tours. Cette période, qui voit la consécration de la cathédrale (1482), est marquée par le rôle de deux évêques majeurs : Louis 1er d'Amboise et Louis II d'Amboise, prélats influents et mécènes cultivés, qui commandent la réalisation du décor intérieur de la cathédrale.

Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, les évêques d'Albi restent seigneurs de la ville jusqu'à la Révolution. Ce sont de grands acteurs de la vie de la Cité et des mécènes de premier plan. Ils président les "États albigeois", assemblée qui répartit les impositions, encouragent les travaux d'urbanisme, ils poursuivent les aménagements et l'embellissement du palais de la Berbie, s'occupent d'enseignement, d'assistance.

Personnages puissants et influents, ils sont promus archevêques à la fin du XVIIe siècle.

 

Route royale 

 

Dans les années 1720, on assiste au démantèlement des fortifications au Castelviel pour ce qui est de la Cité épiscopale, puis autour de la ville avec l'arrivée de la nouvelle route royale (Toulouse-Rodez) qui suit l'ancien emplacement des fossés à l'est. Les grands travaux d'urbanisme de cette période sont marqués par l'archevêque Choiseul qui fait réaliser le quai portant aujourd'hui son nom (quartier des Combes et des berges du Tarn), par l'ingénieur Laroche, puis le cardinal de Bernis.

À la veille de la Révolution, Albi n'a plus de remparts, sauf autour de la cathédrale et du palais de la Berbie.

Au XIXe siècle, Albi redevient un véritable chantier : l'ingénieur Mariés (1758-1851), surnommé le "Haussmann albigeois", perce la rue Mariès au coeur du bourg Saint-Salvi, ouvrant ainsi une heureuse perspective sur la cathédrale. La rue Sainte-Cécile entre le bourg Saint-Salvi et le Castelnau est également percée à cette époque.

Enfin, profond changement, les abords de la cathédrale entièrement bâtis et occupés par des constructions diverses sont totalement dégagés. Cet isolement de la cathédrale au milieu d'un espace nu renforce d'évidence sa puissance et son affirmation monumentale. La cathédrale fait aussi l'objet de restaurations importantes à cette époque, par l'architecte César Daly, élève de Viollet-le-Duc.

En 1905, le palais de la Berbie, ayant déjà été relevé du siège archiépiscopal en 1823, perd définitivement sa fonction primitive en 1905, sous l'effet de la loi de séparation des Églises et de l'État. Il devint alors l'écrin de la plus grande collection au monde des oeuvres du peintre albigeois Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901). Fin XIXe siècle, Albi connaît un grand développement économique, un essor de l'industrie et un net accroissement démographique.

 

Révéler et embellir

 

Après la Seconde Guerre mondiale, la Cité épiscopale échappe à des projets d'urbanisme inadaptés comme le démantèlement de l'aile orientale du palais de la Berbie ou le quadrillage du Castelviel.

Dès les années 1960, un secteur sauvegardé est envisagé puis délimité. Il est approuvé par le conseil municipal en 1973, et reçoit un avis favorable de la commission nationale des secteurs sauvegardés l'année suivante, mais le plan de sauvegarde et de mise en valeur n'entre en vigueur qu'en 1993, après avoir été approuvé en Conseil d'État. Dès lors, mise en valeur des secteurs les plus dégradés, maintien et développement de l'habitat placent le patrimoine de la Cité épiscopale au coeur des préoccupations municipales.

C'est dans la même continuité que s'inscrivent les grands aménagements du début du XXIe siècle qui, non contents de valoriser le patrimoine, s'attachent à le révéler et l'embellir. Ainsi, le réaménagement de la place Sainte-Cécile et de ses abords (2004-2005) dont la surface était jadis encombrée de véhicules, a permis de transformer la place en espace dédié aux piétons et de souligner la puissance de l'ensemble cathédrale-palais de la Berbie.

 

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