Le catharisme

Les termes "d'Albigeois" et de "Cathares" restent indissociables. Cela est peut-être lié au mauvais accueil réservé au légat du Pape qui avait précédé Saint Bernard venu, en 1145, prêcher contre l'hérésie dans toute la région.
Extrait du livre Les Cathares aux Éditions Larroque, réalisé entièrement à la main

Source : © Extrait du livre Les Cathares aux Éditions Larroque, réalisé entièrement à la main

Au départ, proche du monothéisme, certains hérétiques ne croient qu’en un seul dieu, mais peu à peu, le dualisme l’emporte et deux principes rivaux et absolus, le dieu du mal et le dieu du bien également créateurs et éternels coexistent, ce qui vaut aux cathares de se voir coller l’étiquette de manichéen du temps présent, selon l’expression du redoutable inquisiteur Bernard Gui.

Refus du dogme de la Trinité

Quoi qu’il en soit, les cathares refusent le dogme de la Trinité, le Père étant d’une essence supérieure au Fils et au Saint Esprit ; par contre, ils croient à l’existence de deux règnes, celui du mal et celui du bien.

Le dieu du mal créa le monde et la terre ; la trouvant déserte, il résolut de la peupler, pour cela, il monta au ciel et réussit à séduire une partie des anges qu’il amena sur terre. Pour les retenir, il leur donna un corps et par la différenciation des sexes, il leur permit de procréer. La terre ainsi peuplée est l’ œuvre entière des principes du mal. Le dieu des juifs (Jéhovah) était pour les cathares bien moins que Satan puisque la Génèse nous enseigne qu’il créa le monde.

Tous les cathares condamnent Abraham, Isaac, Jacob et Moïse comme ministres du diable, par contre ils acceptent Job, le psautier, les Sapientiaux, mais la référence incontournable reste pour eux l’Evangile de Jean.

Le monde n’aura pas de fin, puisque le jugement dernier a déjà eu lieu, l’enfer est en ce monde et nul par ailleurs. Si le Christ fut bien envoyé aux hommes par le “Dieu Bon”, il n’avait pas toutefois d’existence corporelle, si ce n’est une apparence visible mais immatérielle.

Les cathares rejettent donc l’incarnation, la rédemption (mort de Jésus pour sauver l’humanité), la résurrection. Par ailleurs, ils ont une aversion pour la croix, instrument de supplice, donc objet de répulsion, mais en aucun cas de vénération. Ils rejetaient par conséquent le signe de croix, ce qui devint un indice utile pour les inquisiteurs désirant confondre un suspect. 

Le consolament

Dans ce contexte, l’homme ne peut se sauver par une vie édifiante et charitable, il se sauve en rompant avec la terre, après avoir reçu le seul sacrement du rite cathare, le “consolament”. Par ce sacrement, l’homme quitte moralement la terre avant que la mort ne précipite son corps à la dissolution du tombeau. Si l’homme n’est pas “consolé” il revient sans cesse en se réincarnant sous d’autres enveloppes charnelles.

Les fidèles cathares formaient deux groupes : les consolés, appelés aussi les parfaits ou les bonshommes, formaient l’élite cathare puis en grande majorité, la foule des croyants qui pouvaient recevoir à leur tour le consolament. Pour ce faire, le croyant devait se soumettre à un long noviciat, et une fois parvenu, dans le cercle des parfaits, la chasteté devenait pour lui une obligation absolue, tout comme la pratique d’un ascètisme alimentaire rigoureux (pas de viande, de lait ni d’œuf). Etaient seuls autorisés le vin, le pain, l’huile, les légumes et les fruits.

Le consolament, ou baptême cathare, était reçu par une double imposition des mains et de l’Evangile de Jean après une période d’ascèse et de consentement de la communauté. Le nouveau Parfait recevait alors un habit noir qui fut abandonné à l’époque des persécutions jugé trop repérable, remplacé par un simple cordon que le Parfait mettait dans sa chemise.
En Languedoc, Carcassonne, Albi, Toulouse notamment, ont leur évêques cathares. Chaque évêque est assisté de deux fils (majeur et mineur). A la mort de l’évêque, le fils mineur ordonne évêque le fils majeur. L’assemblée des dignitaires nomme alors un autre fils mineur que l’évêque ordonne sur le champ. Les persécutions très actives au XIIIe, entraînant la clandestinité perturberont très fortement le système hiérarchique cathare, au point de le faire tomber lentement en désuétude.

 

 

Dernier point, les termes de cathares ou d’albigeois, que les inquisiteurs puis les historiens ont utilisés pour désigner les adeptes de cette doctrine n’ont jamais été en usance parmi ses membres. Entre eux on préférait parler de “bonshommes” ou “bons chrétiens”.

Si l’on peut trouver facilement à redire de leurs croyances, leur souci de justice et de spiritualité ont très vite forcer le respect, car jamais ils n’usèrent de la force ni de la violence pour imposer leurs vues. 

Quant aux autorités officielles de l’Eglise, elles n’eurent recours à la violence (croisade, inquisition) que lorsque la situation était devenue inextricable. Pendant de nombreuses années, le mépris ou les prédications furent les seules réponses apportées à l’hérésie.

Les termes de cathares ou d’albigeois (…) n’ont jamais été en usance parmi ses membres. Entre eux on préférait parler de “bonshommes” ou “bons chrétiens

La croisade contre les albigeois est proclamée le 10 mars 1208 après l'assassinat du légat du pape Pierre de Castelnau.

Au printemps 1209 les croisés descendent la vallée du Rhône. Ils arrivent en Juillet, sur Béziers et massacrent la population locale . Carcassonne est prise par traîtrise, le mois suivant. Simon de Montfort devient le chef de la croisade et usurpe les titres de Trencavel, vicomte d'Albi, de Carcassonne et de Béziers. Et c'est au tour d'Albi de se soumettre à Simon de Montfort en septembre.

 

Crédit texte : Mémoires d’Albi, une ville à travers l’histoire. Georges Protet. Editions Grand Sud.