David Baurès, président du club de triathlon d'Albi

David Baurès

David Baurès

© Tchiz

Nom
Baurès
Prénom
David

Président du club de triathlon d’Albi, David Baurès est l’exemple de ceux qui saisissent la balle au bond et se mettent à l’eau... quand certains hésitent.

 

Le 15 mai dernier, David Baurès, président du club, était sur le pont pour le troisième triathlon d’Albi, qui a rassemblé 500 participants, 200 bénévoles et un large public. Soleil radieux, Tarn à température correcte (19°C), licenciés du club bien entraînés : les conditions étaient réunies pour cette nouvelle édition sportive. « Le triathlon est une belle vitrine pour la ville d'Albi, pour le club et pour cette discipline », résume David, dont un des fils a obtenu la deuxième place au triathlon XS. Avec l’équipe du club, il se tourne résolument vers les Championnats de France jeunes, dont la demi-finale devrait se dérouler à Albi en 2023. « Certaines épreuves pourraient débuter dès le samedi soir et se poursuivre le lendemain. Cela donnerait lieu à une belle soirée festive avec les participants. »

 

Sens de la débrouille

L’actualité évoquée, un retour dans le rétro s’impose pour comprendre comment cet Albigeois quadragénaire dynamique, travaillant aujourd’hui dans les assurances à Albi, a été tour à tour (et parfois en même temps) rugbyman, soldat, trader, banquier, avant de se lancer corps et âme dans le triathlon. David est né dans le Gers, mais a vécu son enfance à Colomiers (31). Très tôt, le jeune garçon développe un sens de la débrouille, pratique le rugby et montre de réelles capacités de jeu qui le font évoluer au haut niveau. À seize ans, il passe le Bafa et encadre des enfants en colonie de vacances puis pour un Village vacances. Côté scolaire, David reconnaît qu'il était un élève moyen. « Je faisais partie des élèves pour lesquels les profs disaient : peut mieux faire. »

Avec le recul et, loin de décrier l’enseignement scolaire, David défend plutôt l’ouverture d’esprit par le sport, la culture ou encore l’art. « Les bonnes notes ne suffisent pas et, dans beaucoup de métiers, le diplôme ne fait pas tout. »

Il est d’ailleurs de ceux qui lisent les CV en commençant par le bas. « Un candidat qui pratique un sport à haut niveau ou joue d’un instrument, c’est toujours révélateur. » En témoigne son propre parcours, où l’expérience, la volonté et sans doute beaucoup de bagout lui ont souvent ouvert des portes.

 

David, le bac en poche, se dessinait un avenir plutôt incertain. Sans idée précise, il avait décidé de suivre sans conviction son camarade de classe qui voulait s'orienter vers des études en gestion des entreprises et administrations. « Ces deux années d’IUT ont été deux années de belles fêtes », reconnaît David qui profite alors pleinement de la vie étudiante. Pour autant, il obtient son diplôme et est même encouragé par sa professeur de maths à préparer un concours... Elle le coache, convaincue qu’il peut le réussir. « J’ai appris la bonne nouvelle le 22 juillet 1995 alors que j'étais aux fêtes de Mont-de-Marsan... le jour de mon anniversaire ! » À cette époque, il fréquente assidûment le célèbre bar de nuit toulousain prisé des étudiants, Chez Tonton, où il fait connaissance à la fois de la patronne, Françoise, mais surtout de sa future femme qui habite à l’étage et suit, le hasard fait bien les choses, les mêmes études que lui.

 

Soldat puis trader

À l'aise dans le domaine des finances et des chiffres, David décroche sa maîtrise en sciences de la gestion. Service militaire oblige, David est appelé sous les drapeaux et intègre la prestigieuse école d’officiers de Saint-Cyr-de-Coëtquidan. C’est le déclic, la révélation, l’envie de s’engager dans l’armée. « J’ai rejoint le commissariat de l’Armée de terre à Toulouse qui assurait la logistique sur les lieux d’intervention. » Le jeune officier fait ses armes en Bosnie-Herzégovine, où il part pour six mois au moment de la guerre dans les Balkans. « Notre mission était d’acheminer le ravitaillement vers Sarajevo. » À peine de retour, on lui propose d’aller au Kosovo. Sa femme a d’autres projets pour le jeune couple, David rend l’uniforme.

 

À moins de trente ans, il saisit une opportunité et postule pour un travail dans une salle de marchés à la Défense à Paris. « À l’entretien, j’étais parmi les candidats les moins qualifiés et sans doute le moins compétent, mais le feeling est bien passé avec le recruteur qui m’a fait confiance et a cru en moi. » Sur le terrain, au milieu de traders aux dents longues, David déchante. « C’est un univers impitoyable, genre marche ou crève, où on est tous concurrents. » Les premières semaines sont dures mentalement. « Je suis perdu, je ne comprends pas grand-chose, c’est l’enfer ! J’apprends aussi la résilience et la persévérance. » À plusieurs reprises, il est sur le point d'abandonner, mais son collaborateur, s’obstine.

 

Petit-fils de communiste engagé dans le Secours populaire de son département, David savait que cela ne pouvait pas durer. « Mon travail allait à l’encontre de mes valeurs et je n’étais pas prêt à tout sacrifier. J’ai pris du recul en comprenant que l’argent dirige le monde. Je l’ai vu, par exemple, le 11 septembre 2001 lorsque les traders ont tout fait d'abord pour préserver les intérêts de leur boîte... » Cinq ans après son entrée sur le marché, David change radicalement de vie. Après un passage rapide à Bagnères-de-Luchon, il arrive à Albi dans une agence bancaire. La page rugby est alors tournée et il envisage de se convertir dans la course à pied. Un collègue lui lance un défi : participer à un triathlon. Licencié à Albi triathlon à partir de 2008, il s’entraîne, améliore sa nage et travaille son endurance. En 2012, il tente – rien que ça – la Diagonale des fous à la Réunion et boucle un marathon en 2h52 un an avant. Chapeau, David.

 

Rien n'est impossible

Avec ses enfants dans le club, David s’investit avec la volonté de développer l’école de triathlon. Le président du club assure aujourd’hui l'entraînement des 11/17 ans.

« C’est un plaisir et une belle reconnaissance de voir des jeunes, parfois introvertis ou qui manquent de confiance en eux, se révéler par le sport. » Avec un brin d’émotion, il pense à cette jeune fille qui avait réussi à aller au bout des épreuves. « Elle y est parvenue alors que ce n’était pas évident. Cela prouve que rien n’est impossible à condition de ne pas se mettre de barrières. Le sport, ce n’est pas d’abord de l’élitisme. L’important, c’est de donner le meilleur de soi-même. Aux adultes que nous sommes de leur montrer la voie, de leur transmettre notre passion. »

Pour le coup, David montre l'exemple, se jette à l’eau pendant l’entraînement, monte à vélo et chausse ses baskets. « Ma vie, c’est ça », conclut-il simplement, soulagé que toute sa famille soit dans la même ligne (d’eau).

 

Après l’armée, les finances, les banques, le voilà aujourd’hui dans les assurances, lui qui affirme qu’il pourrait encore changer de secteur d’activité, profitant d’une porte ouverte. Il est de ceux que le vent pousse parfois vers de nouveaux horizons. « Moins loin cette fois, car j’ai une famille. » Cet été, ce sera donc avec elle à l’océan et dans les bagages maillot de bain, vélo, baskets et planche de surf !

 

■ AM251 - JUIN 2022