Laurent, Laura et Nicolas Miquel, Alchimie familiale

C’est avec des entrepreneurs qui croient en leur ville qu’Albi a pu changer au fil du temps. Les exemples ne manquent pas, notamment en centre-ville, où des secteurs ont réussi à tirer leur épingle du jeu et à devenir des lieux attractifs. Le dynamisme de la place du Palais, on le doit entre autres à Laurent, Laura et Nicolas Miquel lancés, il y a dix ans, dans une aventure familiale audacieuse.
Laurent, Laura et Nicolas Miquel, Alchimie familiale

À l’instar de la place du marché couvert, de la rue Peyrolière ou de la rue Timbal, la place du Palais s’inscrit dans une belle dynamique. L’hôtel-restaurant l’Alchimy et ses partenaires ont réussi à attirer un public qui ne la fréquentait pas jusqu’à présent.

«Les Albigeois ont redécouvert une place qui a montré qu’elle était adaptée pour accueillir des événements très variés », note Laurent Miquel. Dans le paysage de l’hôtellerie-restauration albigeoise, l’Alchimy, dont le projet est né il y a bientôt dix ans, a trouvé ses marques.

Derrière cette adresse, où descendent aujourd’hui beaucoup de personnalités de passage dans la Cité épiscopale, il y a une belle affaire de famille autour de Laurent, son neveu Nicolas et sa nièce Laura.

«Une complémentarité sans faille au sein de l’équipe, une association qui marche», résume Laurent qui connaît bien ses associés. «Laura est polyvalente et rigoureuse ; Nicolas est attachant et a le contact facile avec le client.» Quant à Laurent, c’est l’entrepreneur qui ne manque pas d’idées... qui marchent ! « On ne s’ennuie pas avec lui», lance d'ailleurs Nicolas. «Il a toujours de nouveaux projets ; il faut arriver à le suivre ! »

Le nom du restaurant n’est pas le fruit du hasard. «L’alchimie résume bien notre démarche», souligne Laura. Et Nicolas d’ajouter : « L’alchimie est le fait de changer le métal en or ; cela vaut pour cette maison qui était en ruines il y a quelques années et que nous avons totalement transformée.»

Sur ce point, la carte blanche donnée aux architectes d’intérieur Pierre Dubois et Aimé Cécil a été un choix judicieux. Le lieu n’a pas d’égal à Albi en matière d’élégance et de design. Sept ans après l’ouverture, Laurent est plus détendu. «On s’est donné à fond ; il fallait faire nos preuves. Ça n’a pas été facile, les risques étaient importants, chacun de nous trois a investi dans cette aventure, mais les fondations sont aujourd’hui bien posées ; on peut se projeter sereinement.»

L’ouverture au printemps, place du Palais, du bar le Speakeasy et son extension en cours, la première édition du festival Jazz au palais (la deuxième est prévue du 1er au 3 septembre 2022) et le rachat de l’ancien restaurant Chez Oscar, mitoyen à l’hôtel en témoignent.

L’Albigeois est lucide. «Nous avons l’envie de bien faire et de rester bons sur la durée avec la régularité d’un métronome. On n’est pas là pour se reposer sur nos lauriers ! » Les trois associés se réunissent régulièrement pour évoquer l’avenir, et même à quatre, depuis qu’Adrien Cagnelle les a rejoints il y a trois ans pour assurer la gestion des cuisines.Les tâches sont bien réparties : à Nicolas, la gestion du service en salle, à Laura, l’administration, la com et le marketing, Laurent s’occupant du développement de l’entreprise. Si ce succès tient beaucoup à ces entrepreneurs et à leur équipe, il repose aussi sur des rencontres et de belles opportunités.

L’histoire commence pour Laurent par la découverte des métiers du bois en classe de 5e, où il avait été séduit par la passion et la sincérité d’un ancien compagnon du devoir. Elle donnera lieu bien plus tard à une réussite économique, celle de l’entreprise albigeoise Chêne vert, spécialisée dans la fabrication de meubles de salles de bains. Il est loin le temps où Chêne vert était un modeste atelier d’ébénisterie qui concevait, près de Rabastens, des meubles de salles à manger. Laurent Miquel, après une formation à Nantes au sein des Compagnons du devoir, y est embauché par Bertrand Patou-reau. Nous sommes en 1983 ; Laurent a 19 ans. L’activité tourne au ralenti et les deux menuisiers décident de se rappro-cher de leur clientèle en se délocalisant à Marssac. «En 1987, j’ai échangé avec un menuisier à Cordes qui m’a montré un procédé révolutionnaire à l’époque : la technique du postformage, autrement dit le façonnage du stratifié.

C’est à partir de là que nous nous sommes réorientés dans le mobilier de salle de bains.»Transféré dans de plus grands locaux à Albi en 1992, Chêne vert décolle réellement quand il dépose en 1998 un brevet permettant de fusionner la vasque au plan de toilette.

En 2000, l’entreprise compte plus de 80 employés.

Laurent a pris la direction commerciale et démarche les clients, principalement des industriels du mobilier et du bâtiment. «Cette expérience m’a beaucoup appris. J’ai vraiment découvert le cœur du métier d’entrepreneur.» Dans son sillage, il entraîne son frère et sa belle-sœur, les parents de Nicolas et de Laura. Alors que Laurent poursuit le développement de Chêne vert, Nicolas et Laura tracent leur chemin. Nicolas se tourne très tôt vers la restauration en commençant par des stages puis un apprentissage en alternance au Lautrec puis au Bœuf Saumon, qui vient alors d’ouvrir.

Il enchaîne ensuite au pub irlandais Le Shamrock, puis comme serveur au Pontié pendant trois ans. En 2007, il part pour un tour du monde. Arrivé en Australie, il pose ses valises et signe un contrat de quatre ans comme manager d’équipe dans un restaurant à Sydney. Laura le rejoint pour six mois avant de suivre un DUT Techniques de commercialisation à Albi avec un poste en alternance dans le groupe Pierre Fabre.

Elle passe ensuite un an en Angleterre et se forme au management, à la gestion et au marketing dans le secteur de l’hôtellerie. Elle termine à Toulouse avec un master en école de commerce. Son expérience et ses compétences arrivent à point nommé pour Laurent qui a tourné la page Chêne vert et vendu en 2010 ses parts après 35 années de collaboration avec Bertrand Patoureau.

Laurent est à l’affût d’une nouvelle aventure. Il a repéré l’imposante maison construite place du Palais par l’architecte albi-geois Léon Daures et réfléchit à l’idée d’ouvrir un restaurant. «À l’époque, je fréquentais régulièrement les cuisines de l’Épicurien, où je retrouvais avec plaisir le chef Rikard Hult. Cela m’a sans doute donné envie de me lancer.»

L’inscription de la Cité épiscopale à l’Unesco deux ans avant est une aubaine et une raison de plus de croire dans le développement d’Albi. «Il y avait du potentiel et un marché à prendre.» C’est Laura qui continue l’histoire. «À Noël 2012, je discute avec mon oncle qui m’annonce qu’il a un projet, mais qu’il ne le fera pas sans nous.» Restait à convaincre Nicolas qui, à l’autre bout du monde, venait de signer pour un nouveau contrat de quatre ans. Le projet prend forme petit à petit. L’idée de créer une maison d’hôtes évolue en hôtel. Pour découvrir la réalité de l’hôtellerie, Laura trouve un poste de femme de chambre au Mandarin oriental, un cinq-étoiles parisien.

Quand l’heure de l’ouverture approche, après deux ans de travaux, le retour en France de Nicolas se précise. «J’étais prêt à m’installer définitivement et à demander la nationalité australienne quand j’ai accepté de participer au projet. Les débuts n’ont pas été évidents entre euphorie et inquiétude. Je me demandais si je ne m’étais pas trompé... » « Entreprendre n’est jamais sans risques, c’est accepter aussi les contraintes, c’est beaucoup d’investissement», ajoute Laurent.

La suite, on la connaît. L’Alchimy, c’est seize équivalents temps plein, dix chambres quatre étoiles, un restaurant gastronomique ouvert tous les jours... le tout au cœur d’une place qui porte bien son nom dans tous les sens du terme. Le restaurant est un délice pour le palais et l’hôtel a des airs de palais moderne, chic et élégant.

Laura

UN OBJET : « Mon smartphone, toujours en train de sonner !»

UN LIEU :« Ma maison, entourée de ma famille et de mes amis.»

UNE RENCONTRE : « Mon oncle, un soir de Noël 2012, et sa proposition de travailler avec lui.

Laurent

UN OBJET : « Ma calculatrice Casio qui ne me lâche pas depuis 1985 ! »

UN LIEU : « Albi, j'ai un fort attachement pour ma ville.»

UNE RENCONTRE : « Mes associés.».

Nicolas

UN OBJET : « Mon pot de gel, jamais un cheveu qui dépasse !»

UN LIEU : « Sydney, je suis parti j'étais un ‘’enfant’’ ; sept ans après, je suis rentré grandi de cette expérience.»

UNE RENCONTRE : « Philippe Biancolin, mon premier maître d'apprentissage (à 15 ans) : mon déclic !

 

 

Publié le 8 décembre 2021