Nathalie Besançon, nouvelle directrice de la Scène nationale Albi-Tarn

Nathalie Besançon

Nathalie Besançon

© Tchiz

Nom
Besançon
Prénom
Nathalie

Nathalie Besançon a été récemment nommée directrice de la Scène nationale Albi-Tarn. Elle succède à Martine Legrand dont elle prendra les fonctions le 1er septembre prochain.

 

Quel a été votre parcours ?

« Tout d'abord, j'ai toujours eu une attirance pour la scène et un appétit pour le spectacle vivant, notamment le théâtre que j'ai eu la chance de découvrir au lycée. J'ai travaillé ensuite très tôt dans le milieu culturel. À 21 ans, j'ai obtenu, dans le département des Deux-Sèvres, un poste de responsable de programmation de spectacles en milieu rural. Il s'agissait de développer la politique culturelle au niveau local. J'ai ensuite eu plusieurs fonctions au sein de la scène conventionnée Les Sept collines à Tulle. Celle-ci a fusionné plus tard avec celle de L'empreinte dont je suis devenue directrice adjointe en 2018.

 

Comment percevez-vous votre futur poste à Albi ?

Ma nomination est pour moi très stimulante. J'aime les villes comme Albi ; en y allant, j'ai d'ailleurs senti un réel attachement et une fierté des habitants pour leur ville. Dès mon arrivée, je prendrai le temps de mieux la connaître et de la découvrir. Je compte me rendre notamment au musée Toulouse-Lautrec, d'autant que j'aime particulièrement la peinture. C'est une passion parmi d'autres comme la lecture, le  cinéma, la marche... que j'associe avec plaisir à la cueillette de champignons ! Les premiers mois seront aussi le temps d'échanger avec l'équipe de la Scène nationale et les partenaires de la structure dont la Ville d'Albi.

 

Quel regard portez-vous sur la culture ?

En matière de culture, il y a vraiment un enjeu de service public. Pour Albi et plus largement le Tarn, je souhaite œuvrer pour favoriser la rencontre entre les artistes et le public ; que cette expérience soit partagée par le plus grand nombre, qu'elle ait lieu dans une salle de spectacle ou ailleurs. L'idée de lancer des projets participatifs, qui impliqueraient le public, m'intéresse particulièrement.

J'ai, par exemple, le projet de créer un groupe des amis de la Scène nationale. Je souhaiterais aussi que le Grand Théâtre, qui est un espace magnifique et un outil pour la création contemporaine, soit davantage investi par d'autres activités et animations comme des ateliers et des rencontres. Cela existe déjà en marge des spectacles, mais il y a sans doute des choses à imaginer.

 

Quelles actions souhaitez-vous mettre en oeuvre ?

Albi a une véritable richesse culturelle et une belle diversité en matière d'offre, mais elle a aussi un patrimoine et une histoire exceptionnels sans oublier des figures emblématiques comme Lapérouse et Toulouse-Lautrec. Le projet sur lequel je travaille actuellement en tiendra compte. J'ai envie d'embarquer les Albigeois dans cette histoire à travers des temps forts thématiques qui ponctueront l'année. Que ces moments soient festifs, rassemblent largement et jouent la carte du collectif.

L'ouverture à l'international, à travers certains jumelages comme celui avec Gérone, présente aussi de belles perspectives.

 

Sur quoi travaillerez-vous à votre arrivée ?

À l'élaboration de la saison 2022-2023 et au projet que je souhaite proposer pour la Scène nationale. Mon arrivée est l'occasion d'écrire une nouvelle page avec l'équipe en place. C'est une belle aventure humaine et artistique ancrée dans un territoire.

La Scène nationale doit être de fait à la fois attentive à, la programmation d'artistes reconnus à l'échelle nationale et internationale, bien sûr, mais elle doit aussi soutenir et encourager la création régionale.

Les coproductions et résidences d'artistes pourront y aider avec un juste équilibre entre œuvres classiques et contemporaines. Je prépare d'autres surprises dont j'aurai l'occasion de parler ultérieurement.

 

Après deux ans difficiles en raison du Covid, comment voyez-vous l'avenir ?

La crise a perturbé les habitudes du public et modifié ses pratiques culturelles. On le voit notamment avec le cinéma et le spectacle vivant. Je constate aussi que les gens ont pris le réflexe de programmer tardivement leurs sorties comme ils le font pour leurs vacances. Cela exige pour des structures comme la Scène nationale d'Albi une capacité d'adaptation qui n'est pas toujours évidente pour les équipes, mais aussi pour les compagnies. Je note néanmoins que lors de la saison dernière au Grand Théâtre, les Albigeois ont été de retour.

 

Quel objectif pour cette nouvelle saison à venir ?

Dans une période de mutations profondes agitées par l'actualité que nous connaissons, la culture me semble encore plus essentielle. La présence des artistes permet de créer des récits, de s'interroger sur le monde, d'inventer des possibles. Nous avons besoin de cette dimension symbolique, de ce partage, de cette expérience qui réunit dans un même lieu des altérités.

 

Comment ?

Avec beaucoup d'enthousiasme, je veux défendre des artistes qui, par leur travail, ont cette attention au monde, aux enjeux d'aujourd'hui et qui portent aussi des regards différents au travers de spectacles variés et pluridisciplinaires, qui racontent les mythologies d'aujourd'hui par leurs propos et leurs formes, avec des écritures multiples et le croisement des arts. J'aime découvrir de nouveaux spectacles et les faire partager ensuite. Il y a des petits cailloux à semer, une curiosité à développer auprès du public et le plaisir de la relation humaine à entretenir.

 

Quid des jeunes souvent absents dans les salles ?

Il y a un enjeu vers la jeunesse et les familles. Les partenariats que la Scène nationale pourra développer ou poursuivre permettront de rejoindre davantage ce public. J'ai entre autres, l'idée de créer un comité de jeunes qui s'impliquerait dans la programmation de spectacles. Le rapport des jeunes au spectacle vivant passe souvent par le numérique qui est un vecteur de plus en plus utilisé. Il y a sans doute des paris d'innovation et d'expérimentation à relever dans la création numérique. Je crois aussi beaucoup dans l'éducation artistique. Permettre aux jeunes de rencontrer des artistes et de pratiquer aussi l'art me semble indispensable. Un vrai travail de médiation et de mise en relation. »

Un objet :
Un livre-objet, un livre comme un objet d’art, Les Beaux Gestes, autoédité à l’occasion des vingt ans de la compagnie Baro d’Evel. Une immersion dans leur processus artistique tracé au fil d’un dialogue entre deux circassiens avec Barbara Métais-Chastanier, autrice qui sera l’une des artistes associées de la Scène nationale.

Un rêve :
Après un rêve, c’est le titre d’un solo de piano d’Eve Risser, talentueuse compositrice et pianiste, qui se produira à Albi.

Un spectacle :
Moby Dick, mis en scène par la marionnettiste Yngvild Aspeli. Une adaptation du roman d’Herman Melville, portée par un langage scénique hybride. Une odyssée forte, poétique et onirique.

Une musique :
Une musique qui me trotte souvent dans la tête, Neige, un titre composé par la trompettiste de jazz Airelle Besson. Un bonheur de mélodie, avec la clarté de la trompette, un air qui met du baume au cœur !

Une surprise :
L'art pariétal est bouleversant en termes d'émotion. Plein de mystère, cet art nous relie à une époque lointaine fascinante

■ AM250 - MAI 2022