Nicolas et Yanis Ballet : Père et fils, la passion ovalie
Le 26 mai dernier à Narbonne, l'équipe U17 d'Albi rugby league remportait contre Toulouse le match de finale de Championnat de France. Nicolas, entraîneur de l'équipe depuis 2021, et son fils Yanis, le capitaine, garderont longtemps en mémoire cette journée.
"Quand j'ai vu dans la tribune le nombre de supporters albigeois venus nous soutenir, je me suis dit qu'il fallait tout donner", raconte Yanis, les yeux plein d'étoiles. "Quand l'arbitre a donné le coup de sifflet, les joueurs sont allés spontanément vers le public", complète Nicolas, entraîneur de l'équipe U17. "La fête après le match a été juste incroyable. J'ai ressenti une très grande fierté en tant qu'entraîneur, mais aussi en tant que papa, avec mon compère Ahmed Bouhalem". Depuis, le trophée remporté par les champions albigeois se transmet entre les joueurs. "J'ai eu la chance de l'avoir en premier et j'ai dormi avec !", plaisante Yanis. La saison qui avait déjà été une succession de victoires s'est donc terminée en apothéose. Sur une trentaine de matchs, une seule défaite, en finale de la Coupe de France. Un presque sans faute.
Le père et le fils ont vécu une belle aventure qui repose sur une réelle complicité, même s'ils savent faire la part des choses entre ce qu'ils vivent ensemble sur le terrain et en famille. "Nous avons la même passion pour le rugby, je suis fier de mon parcours, c'est vrai, mais je suis attentif à ne pas être plus exigeant avec Yanis qu'avec les autres", indique Nicolas. Cette aventure se partage aussi avec toute la famille. Sacha, le petit frère, est en U9 et rêve aussi de podium. Il les accompagne souvent au stade. Leur mère, Alexandra, vient elle aussi donner régulièrement un coup de main au club tout en veillant sur les études de Yanis.
- Les valeurs du rugby à XIII
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Originaire d'Albi, Nicolas est dans le rugby depuis plus de trente ans ; à son actif, environ 400 matchs joués et 200 matchs en tant qu'entraîneur ! "J'ai joué en senior pendant une quinzaine de saisons. J'ai connu les hauts et les bas du club, mais je n'ai jamais lâché le navire. Après deux ans de pause, on m'a proposé il y a une dizaine d'années d'entraîner les U19 qui ont gagné la Coupe de France en 2016. J'ai entraîné par la suite d'autres catégories avant de suivre les U17. Comme entraîneur, il faut trouver les bons mots, fédérer les joueurs tout en restant intransigeant sur le respect." Ses raisons de rester ? "J'ai trouvé dans le rugby une seconde famille. Je suis heureux de transmettre ma passion et la vivre à travers les valeurs du club et du rugby : la solidarité, l'esprit d'équipe, l'envie de se dépasser, le défi physique." Son expérience d'entraîneur lui est utile aussi en dehors du terrain, particulièrement au centre éducatif Saint-Jean, où il accompagne depuis trois ans les jeunes de 14 à 21 ans. Nicolas, de formation métallier, y est éducateur technique en plomberie.
Yanis a un peu suivi la voie du père. "J'ai commencé le rugby à l'âge de cinq ans, j'ai testé aussi le foot, la natation, avant de revenir très vite au XIII. Je dois beaucoup à mes entraîneurs. Avec le rugby, au contact des plus grands, j'ai gagné en maturité et en assurance." Bien dans ses baskets, Yanis n'a pas peur de prendre des coups. "Face à certaines équipes, faut s'y attendre !", lance-t-il avec expérience. Il peut compter sur des soutiens fidèles : ses camarades de U19 et ceux de l'équipe, les coachs, le public et ses proches. Nommé capitaine de l'équipe cette année, il a pris son rôle au sérieux. "C'est une responsabilité sur le terrain et dans les vestiaires. Il faut parfois remotiver, garder toujours son sang froid et aller de l'avant. Il faut aussi mettre en pratique ce que l'on dit !" "Rien n'est jamais acquis" ajoute son père. "Le pire, c'est le relâchement en pensant qu'on va gagner." L'entraîneur avait d'ailleurs bien cerné le match de finale en mai dernier. "On savait que ce serait un bras de fer avec Toulouse et que la première mi-temps serait serrée."
- Les yeux tournés vers l'Australie
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En sport études au pôle espoirs à Carcassonne depuis deux ans, Yanis vient de passer son bac français et s'apprête à rejoindre à la rentrée le CREPS à Toulouse. Il intégrera aussi les U19 fin septembre à Albi. "Je retrouverai certains camarades qui ont joué avec moi en 2023 et avec qui on avait déjà eu de bons résultats." L'avenir à moyen terme reste ouvert, même si Yanis a les yeux tournés vers l'Australie, le pays du rugby par excellence. En janvier dernier, il a d'ailleurs fait partie d'une sélection de joueurs français invités pendant deux semaines à participer à trois matchs contre des Australiens et à assister à des entraînements. "On a perdu, mais cela a été très belle expérience. Cela m'a permis de voir des joueurs de haut niveau comme Jason Taumalolo."
Son objectif maintenant est de réaliser un rêve : retourner là-bas au moins un an, intégrer une équipe et jouer au plus haut niveau. Yanis regarde aussi 2025 avec la tournée U19 prévue en Australie et en Nouvelle-Zélande avec l'équipe de France et 2026 avec la Coupe du monde de rugby à XIII juniors. De belles opportunités, même s'il faut garder la tête sur les épaules. "C'est important de vivre ses rêves, mais personne n'est jamais à l'abri d'une blessure", rappelle Nicolas. Yanis n'exclut donc pas de s'inscrire après le bac à une licence d'administration économique et sociale avant de tenter l'aventure à l'étranger. En attendant, il s'est préparé ces dernières semaines en vue des stages de sélection pour intégrer l'équipe de France U17 et participer cet été à Nantes à des rencontres contre l'équipe d'Angleterre. Au programme : musculation, cardio et entraînement.
Pour Nicolas, il s'agit de préparer la prochaine saison, définir l'équipe en partie renouvelée et garder "ce bouclier" avec l'idée aussi de remporter la coupe de France. En matière de rêve, il espère bien un jour entraîner une équipe 1. "Je suis heureux que le club puisse aussi bientôt bénéficier d'un véritable espace réceptif avec un vrai club house, où on pourra exposer les photos, trophées et souvenirs qui ont marqué l'histoire du club. Avec ce nouvel équipement, le stade Mazicou va prendre de l'ampleur." Avec cette nouvelle génération de joueurs dont les résultats ont de quoi susciter des vocations parmi les jeunes, le rugby à XIII connaît une belle renaissance qui se conjugue avec une reconnaissance du public, toujours au rendez-vous pour soutenir les équipes. "Et même en cas de défaite, si les joueurs ont mouillé le maillot et donné le meilleur d'eux-mêmes, le public le sait et il est là."
- Un objet
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Yanis : "Le ballon de rugby qui me suit depuis mes premiers pas !"
Nicolas : "Il signifie pour moi, courage, détermination, respect des valeurs"
- Une rencontre
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Y : "En Australie, lors d'un entraînement des Queensland Cowboys, l'entraîneur connaissait mon père, ils avaient joué ensemble au TO !"
- Un lieu
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Y : "Le stade de Mazicou où j'ai passé mon enfance et où j'ai évolué au rugby et aussi humainement."
N : "Plus qu'une avenue, ce stade m'a vu grandir et fait devenir un homme ; j'y ai trouvé une famille."
- Un match
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Y : "La demi-finale de la Coupe de France 2023 à Albi contre le 13 catalan ; un match incroyable !"
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