Véronique Guierre, responsable de l'antenne albigeoise des Restos du coeur

Véronique Guierre, responsable de l'antenne albigeoise des Restos du coeur

Véronique Guierre

© Tchiz

Nom
Guierre
Prénom
Véronique

Engagée dans le milieu caritatif depuis une dizaine d'années, Véronique Guierre est depuis 2018 responsable de l'antenne albigeoise des Restos du cœur. Un engagement riche en rencontres qui rappelle la place indispensable du bénévolat.

 

Reconnaissons que la question classique « Vous êtes d’Albi ? » est toujours à double tranchant, car elle laisse penser qu’il y aurait les Albigeois et les autres. Si la question n’est pas posée avec l’idée de faire cette distinction, elle est toujours intéressante pour sa réponse. Véronique Guierre est directe : « Je suis arrivée à Albi, il y a 35 ans. Je suis Albigeoise, non ? ». Son engagement associatif au sein des Restos du cœur et son attachement pour sa ville en témoignent.

Née au Maroc où elle a vécu avec ses parents pendant vingt ans, Véronique garde un souvenir fort de cette enfance heureuse. Elle rentre en France à la fin des années 70. Une page se tourne. Pendant plusieurs années, elle suit son mari au fil des contrats d'embauche qu’il signe principalement dans le Sud de la France. La famille pose finalement ses valises à Albi en 1988. « Mon mari avait décidé de changer de travail et de s’orienter vers les visites médicales. Entre Castres, Montauban et Albi, il a choisi Albi ! Je lui ai fait confiance et je ne le regrette pas. Albi est une ville superbe qui a du caractère et qui est vivante. »

Une fois ses enfants élevés, une tâche pour laquelle elle s'est investie pleinement, Véronique a cherché un travail. « À 50 ans, je me suis rendu compte, hélas, que c’était compliqué. Je me suis alors tournée vers le bénévolat et le milieu associatif qui m'a tendu les bras. La dimension solidarité me plaisait et je partageais bien les valeurs des Restos du cœur. Que des gens aient faim dans notre pays, ce n’est pas normal. » En 2009, elle s’engage au centre des Restos d’Albi, le plus important du département. « J’ai commencé par être bénévole en accueillant les bénéficiaires avant d’accepter de nouvelles responsabilités. »

 

Une petite entreprise

En 2018, elle devient responsable du centre et supervise les quelque 70 bénévoles qui assurent les permanences. En semaine, il y a donc des chances de la trouver aux Restos.

« J'y suis tous les après-midi. On commence par un briefing et tout le monde rejoint son poste. Les Restos du cœur sont comparables à une petite entreprise qu’il faut gérer en faisant preuve de diplomatie, de rigueur et de beaucoup d’énergie ! Ce n’est pas tous les jours facile », avoue-t-elle.

Côté recrutement, malgré un turn-over naturel, l’association ne manque pas de bras. Si beaucoup sont retraités, il arrive que des étudiants, des stagiaires voire des bénéficiaires viennent donner un coup de main. Après des mois compliqués avec la crise du Covid, les Restos ont retrouvé leur rythme de croisière. « Pendant les confinements, nous étions restés ouverts ; les colis étaient préparés très à l’avance pour limiter les contacts. Nous avions la hantise d’un cluster ! Les bénévoles les plus âgés ne venaient d’ailleurs plus pour ne pas prendre de risques. »

Comme c’était prévisible avec l’inflation, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 30 %. « Nous accueillons chaque semaine de nouvelles personnes. Il y a notamment des gens qui travaillent, mais qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. » Au total, plus de 1 600 personnes bénéficient aujourd’hui de l’aide des Restos du cœur.

La grande collecte début mars, durant laquelle près de 150 personnes se sont mobilisées, aura déjà permis de reconstituer une partie des stocks. « Les Restos forment une grande famille. Beaucoup de bénéficiaires viennent depuis longtemps ; il y a forcément des affinités qui se créent, même s’il est important de conserver une certaine distance avec eux. Je me souviens néanmoins d’une personne isolée qu’on voyait régulièrement. On a appris un jour qu’elle était décédée. Ça nous a fait un coup. »

 

Une aventure humaine

Dans quelques mois, son mandat de cinq ans comme responsable prendra fin.

« Les Restos, c’est donc avant tout pour moi une belle aventure humaine. Cet engagement m’a permis de donner du sens à ce que j’ai fait. J’ai aussi appris à relativiser ! On a souvent tendance à se plaindre alors qu’il y a vraiment des gens dans la misère, d'où l'importance d’être à l’écoute. Les gens ne viennent pas seulement pour chercher de la nourriture ou assister aux ateliers proposés (Véronique nous glisse qu’elle aimerait d'ailleurs bien lancer un atelier couture/tricot cette année.) Ils ont parfois besoin d’une oreille attentive, de se confier sur leurs problèmes. Pour les recevoir dans les meilleures conditions, l’espace d'accueil a été rénové il y a quatre ans. »

Pour se ressourcer, Véronique randonne chaque semaine, se rend au Stadium pour supporter les joueurs du SCA (« Il y a de l’espoir, j’y crois ! »). Elle s’est aussi engagée comme bénévole depuis l’année dernière au festival Pause Guitare (« J’y serai cette année encore ! ») et compte bien se remettre à la peinture à huile (avec une préférence pour les paysages). Véronique pense aussi à l’avenir. « J’ai envie de voyages. Ça tombe bien, mon mari est bientôt à la retraite. » De nouvelles aventures, mais sans jamais oublier Albi... sa ville de cœur.

 

Une rencontre :
« En attendant mon vol pour Paris, à l’aéroport de Toulouse, il y a bien longtemps, j’ai aperçu l’Abbé Pierre devant un café en discussion avec quelques jeunes. Son visage était rayonnant, nos regards se sont croisés, la bonté qui en ressortait m'a marquée. »

Un lieu :
« Les sentiers de randonnée que j’essaie de parcourir une fois par semaine dans les environs d’Albi. »

Un objet :
« Une photo de mon fils qui nous a quittés il y a bientôt quatre ans et demi. »

Une conviction :
« L’amour et la persévérance restent le moteur de la vie. »

■ AM258 - MARS 2023