Dans les coulisses du musée Toulouse-Lautrec

Inconnues du grand public, les réserves du musée conservent des collections insoupçonnées que le récolement en cours a permis de redécouvrir. Visite exclusive au cœur du palais de la Berbie à l’occasion de l’exposition « Quelle histoire ! 200 ans de collections » présentée jusqu’au 21 janvier 2024.
Réserve musée Toulouse-Lautrec

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le palais de la Berbie tient toujours lieu de forteresse. Non plus pour protéger les prélats d’éventuels hérétiques ou de bandits de grand chemin, mais bien pour abriter derrière ses imposants murs de brique des collections prestigieuses. Des peintures bien sûr, celles notamment du célèbre peintre albigeois, mais bien plus encore. Seule une partie est d’ailleurs visible dans le parcours muséographique. Le reste, tel la partie immergée d’un iceberg, est à l’abri dans les réserves. 

« Au gré de prêts ou d’exposition thématique, certaines œuvres ont la chance d’être à nouveau mises au grand jour, tandis que d’autres attendent d'être restaurés », note Stéphanie Guiraud-Chaumeil, présidente du musée Toulouse-Lautrec.

Retour dans l’histoire… Le musée d’Albi, avant d’accueillir le fonds Toulouse-Lautrec, était d’abord un musée à l’image de ceux du XIXe siècle. Réunissant différentes collections issues de dons et de legs, mais aussi de dépôts divers, le musée albigeois a donné fort à faire aux conservateurs pour inventorier ses trésors, tant ils sont nombreux et éclectiques. En témoigne l’exposition en cours au musée qui présente un échantillon de pièces de nature et d’origine diverses.

Œuf d’autruche et casques de samouraï

Vases antiques, émaux de Limoges, œufs d'autruche, moulages de sculptures médiévales d’ici et d’ailleurs, casques de samouraï, collection numismatique ou encore sculpture préhistorique forment un fonds hétéroclite digne d'un cabinet de curiosité. C'est la responsable du pôle collections et régie du musée qui est chargée des réserves et de la gestion des dizaines de milliers de pièces entreposées. Le musée les conserve aujourd’hui dans deux salles dont la magnifique chapelle de la tour Mage. Deux autres sont dédiées aux peintures et aux arts graphiques (œuvres sur papier).

« Un récolement est en cours pour faire un état complet des collections et mettre à jour les inventaires », indique Fanny Girard, directrice du mTL. « Deux personnes ont été ainsi recrutées pour venir en renfort. Nous faisons également appel à des spécialistes quand il s’agit d’effectuer des restaurations. » Le travail mené donne lieu à des recherches sur l’histoire des pièces. C’était le cas pour l’exposition présentée actuellement au musée, mais aussi pour des tableaux, dont l’auteur était resté inconnu. Après une véritable enquête, un nom a pu être apposé sur la fiche d’inventaire. L’histoire continue donc de s’écrire.

Le saviez-vous ?

Pour préserver ce patrimoine fragile et ancien, les conditions de conservation sont optimales.

Les tableaux sont accrochés sur des rails métalliques, les objets sont conditionnés sur des collections d’art graphique, sensibles à la lumière, sont placés dans des tiroirs. Seule une lumière verte attire l’attention. Ce n’est ni plus ni moins qu’un piège à insectes !

Une précaution utile, car les insectes xylophages peuvent causer des dégâts irréversibles sur les tableaux et les éléments en bois. Des capteurs permettent également de relever en permanence les données de température et d’hygrométrie.