Aérodrome : à la conquête du ciel albigeois (2)

La Ville d’Albi a fait le choix, il y a quelques années, de prendre en gestion l’aérodrome pour lui donner un nouvel avenir. Un choix gagnant, comme le prouvent ses multiples activités.
Évacuation sanitaire de patients Covid assurée cet été par les équipes du Samu d'Albi.

Évacuation sanitaire de patients Covid assurée cet été par les équipes du Samu d'Albi.

Épisode 2 - Quand l’avion sauve des vies

Plus confidentiellement, l’aérodrome est aussi un équipement de premier ordre lorsqu’il s’agit d’effectuer des vols à visée sanitaire, notamment dans le cadre des prélèvements d'organes organisés à l'hôpital d'Albi.

Rappelez-vous, en août dernier, les quatre transferts de patients Covid vers des hôpitaux du Nord de la France. Le sujet avait été médiatisé et le Premier ministre s’était même rendu sur place après ces évacuations sanitaires.

« Nos services de réanimation étaient saturés pour plusieurs raisons et le Samu 31, qui coordonne ces évacuations sur la région, les avait donc organisées au départ d’Albi », indique le docteur Rodolphe Maignal, responsable du Samu d'Albi.

Deux avions ont ainsi atterri à Albi pour transporter les patients et les équipes médicales de l’hôpital. « Nous avons prouvé que c’était possible et que la coordination entre les différents Samu était efficace, mais il faut rappeler que cette opération aurait pu être évitée si ces patients avaient été vaccinés. »

En ce qui concerne les patients polytraumatisés qui exigent une prise en charge particulière et doivent être transportés d’urgence vers les hôpitaux toulousains, les transferts sont généralement réalisés en hélicoptère à proximité du lieu où l'accident a lieu. Soit ils sont directement transportés en ambulance vers Toulouse, soit l’hélicoptère du Samu 31 atterrit sur place pour les récupérer et éviter ainsi des transferts inutiles.

Sans l’aérodrome, pas de don d’organes possible

L’aérodrome est aussi utilisé chaque année pour des prélèvements d’organes. Depuis le début de l’année, trois prélèvements ont été déjà réalisés à Albi.

C’est le service de coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus de l’hôpital général qui supervise cette opération. Celle-ci exige une synchronisation millimétrée entre le service de réanimation d'Albi, les différentes équipes chirurgicales qui récupèrent les organes, l’Agence de biomédecine, mais aussi les ambulanciers, les avionneurs et l’aérodrome.

« L’Agence de la biomédecine définit les potentiels receveurs en fonction des organes disponibles à la greffe et maintenus artificiellement en état de fonctionner », explique Émeline Barret, infirmière coordinatrice à l’hôpital d’Albi. « L’arrivée des équipes chargées des prélèvements est ensuite organisée par le service de coordination. En moyenne, nous gérons avec l’aérodrome la venue de deux ou trois appareils venant de toute la France voire de l’étranger. Nous confirmons les heures d’arrivée afin que les agents de l’aérodrome se tiennent prêts. Un jour, une course a même été interrompue sur le circuit pour faire atterrir un avion. »

Les agents de l'aérodrome assurent des astreintes en cas de prélèvements d'organes afin de permettre aux équipes chirurgicales d'atterrir à Albi et d'intervenir le plus rapidement possible.

 

C’est que chaque minute compte ; la durée entre le prélèvement du coeur et la greffe ne doit pas, par exemple, dépasser quatre heures. « Sans l’aérodrome, ses installations et ses agents d’astreinte, cela ne serait pas possible. » L’acheminement jusqu’à l’hôpital est ensuite assuré par les ambulances escortées par la police ou la gendarmerie. « Généralement, l’intervention est programmée la nuit car les blocs opératoires comme les chirurgiens sont davantage disponibles », explique Émeline Barret.

Au fur et à mesure que les organes sont prélevés, à commencer par le coeur, les équipes repartent en vue d’effectuer les greffes et ainsi sauver des vies. « Après cette opération qui mobilise beaucoup de monde, nous tenons à communiquer dans les jours qui suivent à tous les acteurs, notamment à ceux de l’aérodrome, des nouvelles des greffés.
»

Une belle chaîne de vie, où chaque maillon joue un rôle.

RAPPEL :

Le prélèvement d’organes n’est possible qu’en cas de mort encéphalique, déterminée à partir d’un diagnostic clinique et un angio scanner qui permettent de confirmer que le patient est décédé, son activité cérébrale ayant cessé irrémédiablement.

Les organes sont maintenus médicalement en fonction en vue d’être transplantés. Si le patient n’est pas enregistré sur le registre national des refus, les proches sont consultés pour savoir s’il y était opposé. Le coeur, les poumons, les reins, le foie et le pancréas peuvent être prélevés pour être transplantés dans le corps de plusieurs malades. Un donneur peut potentiellement sauver sept personnes.