Alexis Taoufiq, l'alchimiste des cocktails

Alexis Taoufiq
Nom
Taoufiq
Prénom
Alexis

Meilleur ouvrier de France, Alexis Taoufiq est arrivé à Albi en 2022 avant d’ouvrir une boutique, où il conçoit et fabrique des cocktails prêts à servir. Une idée géniale qui a séduit Albigeois et visiteurs cet été à l’occasion du lancement d’un cocktail inspiré par Toulouse-Lautrec.

 

Quel a été votre parcours pour devenir barman ?

Je suis originaire d’Alsace, où j’ai passé toute mon enfance. Mon père était marocain et ma mère Alsacienne. Mon père travaillait dans la restauration et il m’arrivait, le soir et le week-end, de l’aider dans son restaurant italien. Jeune, je rêvais de devenir pompier ou de travailler dans la chimie. J’ai fait un bac scientifique, mais c’est finalement vers l’hôtellerie-restauration que je me suis tourné. Je suis entré au lycée hôtelier d’Illkirsch (Bas-Rhin NDLR), où j’ai fait mon BTS et une mention complémentaire barman.

Comment décririez-vous votre métier ?

Devenir barman exige de connaître des centaines de recettes de cocktails. Il y a bien sûr les classiques, mais l’intérêt est de les revisiter ou de composer ses propres cocktails. Pour cela, il faut trouver les bons accords, être original et toujours surprendre. À mi-chemin entre la cuisine et le service, le métier de barman a aussi quelque chose de théâtral. Tous les sens sont en éveil, il y a une posture à avoir, des gestes précis, on utilise de nombreux ingrédients et tout cela devant les clients ! En 2012, lorsque je travaillais au bar à cocktails du Bristol à Paris, j’ai ainsi l’occasion de croiser de nombreuses stars comme David Beckam, Tim Burton, Tarantino, Julia Roberts ou encore Angelina Joly...

Quelles expériences vous ont marqué ?

Pendant ma formation, j’ai eu la chance de beaucoup voyager. J’ai commencé par des stages en Corse, en Angleterre et en Suisse, notamment dans un palace à Lausanne. C’est dans cet établissement que j’ai été recruté en 2009 comme barman. J’y suis resté un an puis suis parti à l’aventure en Australie, à Melbourne. En 2011, je suis revenu en France, à Paris, où j’ai travaillé dans différents bars dont le Forum, un bar à cocktails qui était une véritable institution. C’est à cette époque que j’ai participé au World Class et que j’ai fini premier. Je suis alors parti à la finale monde qui se déroulait à Rio au Brésil. Une belle expérience.

Puis vous avez obtenu le prestigieux titre de meilleur ouvrier de France…

Je m’y suis préparé pendant deux ans, car pour être MOF, il ne suffit pas de connaître les recettes ! Il faut aussi savoir l’histoire, l’origine et l’élaboration des produits utilisés, qu’il s’agisse des spiritueux, mais aussi du thé ou du café. En bref, tout ce qu’on peut servir derrière un bar ! Personnellement, j’ai été très intéressé par l’histoire de la Chartreuse inventée par les moines il y a près de mille ans à partir de plus de 130 plantes. C’est passionnant. Mon travail a été récompensé : j’ai obtenu le titre de MOF en 2015.

C’est alors que le Canada vous tend les bras !

Je suis effectivement débauché par un milliardaire canadien qui voulait me solliciter pour ses soirées mondaines. C’était aussi une belle expérience, mais j’avais envie de revenir au bar. Je rejoins donc le Quatrième mur, un bar à cocktails de Montréal reconnu parmi les dix meilleurs d’Amérique, hors USA. J’ai été ensuite barman au Four Season puis dans un restaurant gastronomique. En parallèle, mon expérience m’a permis de créer en 2019 une entreprise d’aménagement de bar sur mesure à l’intention des hôtels, bars et restaurants. Je propose mes services comme un cuisiniste le fait. Il s’agit de concevoir des bars fonctionnels qui ont du style.

Lausanne, Paris, Montréal...comment arrivez-vous à Albi ?

Je rentre en France en 2022 et m’installe avec ma famille à Albi, d’où est originaire ma femme. J’ouvre Papilles, rue Puech Bérenguier avec l’idée de commercialiser des cocktails haut de gamme prêts à servir. Pendant le Covid, j’avais en effet remarqué que beaucoup de gens en avait fait chez eux. Il y avait un marché à saisir. Le concept est d’autant plus unique en France.

Que trouve-t-on aujourd’hui dans votre boutique ?

Je propose douze recettes de cocktails insiprés de ceux que j’ai pu réaliser au cours de ma carrière et qui ont le mieux marché. Ils sont fabriqués dans l’atelier installé dans la boutique avec des produits de préférence d’origine française. Le résultat est un cocktail prêt à l’emploi, aussi alcoolisé qu’un verre de vin. Je ne regrette pas d’avoir ouvert une boutique, car cela me permet de rencontrer les clients et de les conseiller, mais aussi de les faire déguster.

Bien accueilli à Albi ?

Albi est une ville très accueillante. Très rapidement, j’ai collaboré avec plusieurs fournisseurs locaux ainsi que des professionnels comme des restaurants ; je pense par exemple, au Theatro ou à la Forge du Vieil Albi qui proposent mes cocktails. Je suis également en contact avec les commerçants du quartier avec qui j’entretiens de bonne relations de voisinage.

Que retenez-vous de l’expérience avec le musée Toulouse-Lautrec ?

J’ai été ravi de collaborer avec l’équipe du musée qui m’avait sollicité pour concevoir le Rainbow, un cocktail inspiré de celui inventé par Toulouse-Lautrec. Des dégustations ont été organisées cet été par le public lors des visites flash et des Nocturnes gourmandes. J’espère reconduire cette animation. En attendant, je me réjouis que ce cocktail soit aujourd’hui en vente au musée et à l’Office de tourisme.

Quels sont vos projets ?

J’aimerais bien créer un cocktail 100 % Tarn, peut-être pour les fêtes de fin d’année. L’objectif est d’ailleurs d’élargir ma gamme de cocktails et d’en tester sans alcool, notamment pour accompagner des plats à table. Pour cela, je recherche, j’expérimente et...je goûte, c’est l’essentiel ! D’ailleurs au moment du Covid, mon angoisse était de perdre le goût et l’odorat. À la boutique, je compte également vendre des accessoires comme des doseurs ou des verres à cocktails, qu’on appelle des tasses à mule pour permettre aux clients d’avoir tous les ingrédients pour se faire plaisir.

Une rencontre

Marie, ma conjointe, d’origine albigeoise, que j’ai rencontrée il y a plus de dix ans à Paris et avec qui nous avons deux beaux garçons.

Un objet

Mon jigger (doseur à cocktail) qui permet d’avoir le meilleur équilibre des cocktails possibles.

Un lieu

Les terrasses du musée, où nous avons fait déguster le cocktail Rainbow tout l’été pendant les Nocturnes gourmandes.

Un projet

Le lancement de cocktails sans alcool, projet qui me tient à cœur et que j’essaye de développer.

Papilles cocktails, 1 rue Puech Bérenguier.

Ouvert du mercredi au samedi.

papillescocktails.fr

Retrait en boutique et livraison en France.

Facebook et Instagram : @papilles_cocktails