Charlette Fraysse-Angles, présidente de l'association Citoyens 21 Albi

Charlette Fraysse-Angles, présidente de l'association Citoyens 21 Albi

Charlette avec Bernadette et Fadi au restaurant Le Grain de Sel

© Tchiz

Nom
Fraysse-Angles
Prénom
Charlette

Présidente de l’association Citoyens 21 Albi, à l’origine du projet de restaurant le Grain de Sel, Charlette Fraysse-Angles est pleinement engagée dans l’inclusion des jeunes porteurs de trisomie.

 

Charlette passe en moyenne deux fois par semaine au restaurant Le Grain de Sel qui accueille en salle et en cuisine une dizaine de jeunes porteurs de trisomie parmi lesquels sa fille Eva. C’est l’occasion pour elle de voir l’équipe et les bénévoles qui apportent leur soutien durant les repas.

Charlette a éprouvé un réel soulagement à l’ouverture du restaurant l’année dernière. « Malgré quelques nuits blanches, on y est arrivés et les retours sont très positifs. Je n’ai aucun regret quand je vois le sourire des jeunes qui viennent y travailler. Beaucoup semblent plus épanouis. Ce qu’ils font est valorisant, cela leur permet de rencontrer du monde. C’est essentiel de favoriser le contact, d’autant plus que les clients expriment beaucoup de bienveillance à leur égard. »

Comme présidente de l’association Citoyens 21 Albi, Charlette a évidemment été placée sous le feu des projecteurs. Un exercice auquel elle s’est pliée avec abnégation, elle qui préfère rester plutôt discrète. « Sans l’équipe et les partenaires, ce projet aurait été impossible », insiste-t-elle.

Du Viaur à Albi

Charlette est née à Réquista, mais arrive à Albi à l’âge de huit ans. « Ma mère venait de reprendre une pharmacie située place de Verdun, en face de l’actuel Institut universitaire. »

Pendant les vacances et notamment en été, elle rejoint son père à l’Hostellerie du Viaduc du Viaur dont il est le gérant. Un homme au parcours de vie digne d’un aventurier. Il s’était engagé pendant la guerre dans la Résistance, puis avait travaillé dans des restaurants à Paris et à l’étranger avant d’embarquer à bord du paquebot transatlantique Liberté. Il avait rêvé d’ouvrir une cafétéria à Paris, c’était innovant à l’époque, mais il a finalement repris l’hôtel-restaurant familial à Tauriac-de-Naucelle.

« Je venais donc l’aider en salle pour le service des repas. Je m’étais dit, à l’époque, que je ne travaillerai jamais plus dans l’hôtellerie-restauration. Je me trompais ! »

Son père et son grand-père lui ont malgré tout transmis le goût pour la bonne cuisine et le plaisir des grandes tablées. Si elle adore Albi, elle garde un réel attachement pour le Viaur et son emblématique viaduc au pied duquel elle a passé tant d’étés. « Je trouve exceptionnel cet ouvrage construit en 1902 par Paul Bodin (1847-1926) qui est d’ailleurs enterré au cimetière des Planques à Albi. »

Après sa scolarité, Charlette décide de suivre les traces de sa mère et part étudier la pharmacie à Toulouse. « J’ai travaillé ensuite dans plusieurs officines, notamment à Paris puis en région toulousaine. J’avais envie de bouger et de vivre des expériences professionnelles différentes. » En 1991, elle prend la succession de sa mère et s’installe à Albi.

La naissance de son deuxième enfant marque un tournant dans la vie de Charlette et la place face à une réalité à laquelle personne n'est préparé : le handicap. Pour autant, toute sa famille fait corps autour d’Eva. Charlette adapte son temps de travail pour être aux côtés de sa fille et l’accompagner notamment à ses séances d’orthophonie et de psychomotricité. « Il y a eu des choix de vie parfois difficiles », reconnaît-elle, « il y a eu des renoncements ; il y a eu aussi de très beaux moments. »

Engagée dans les associations

Charlette rejoint au fil du temps plusieurs associations actives dans la défense et la reconnaissance des personnes en situation de handicap : l’Agapei, le collectif Handicap 81, Trisomie 21 en Pays tarnais, mais aussi l’association Rock 21 à l’origine du festival organisé chaque année au mois de mars à Albi. « Quand on se bat pour la même cause, on apprend à se connaître et à voir d’abord la personne avant le handicap. » Un de ses premiers combats est de permettre à sa fille de rester à la crèche puis d’être scolarisée en milieu ordinaire. La persévérance porte ses fruits. Ces dernières années, Eva a pu suivre un CAP agent polyvalent de restauration au lycée Toulouse-Lautrec et a poursuivi à Cunac avec un CAP restauration.

C’est lors du débriefing du festival Rock 21 Albi en 2019 que l’idée de créer un restaurant prend forme. Une association, dont Charlette devient présidente, est créée pour porter le projet en janvier 2020 avec un noyau dur d’une douzaine de personnes. « Même si nous avions déjà le soutien de plusieurs partenaires, c’était un sacré challenge. » Le groupe a déjà la chance de bénéficier du retour d’expériences d’un restaurant similaire ouvert quelques années avant à Mulhouse. Malgré la crise du Covid, le projet n’est pas remis en question.

« L’engagement de la Ville d’Albi et de la Fondation Saint-Martin a permis d’appuyer notre démarche notamment auprès des banques. L’accueil au niveau local et l’enthousiasme de nombreuses personnes ont également boosté l’équipe. »

Le temps de la fête

Si le combat mené pour faire travailler à Albi des jeunes trisomiques est gagné, d’autres sont encore à mener. En décembre dernier, lors de la visite au restaurant de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des personnes handicapées, Charlette en a profité pour lui faire part de l’impossibilité pour les jeunes trisomiques logés en foyer de travailler. C’est le cas de plusieurs jeunes qui sont stagiaires au Grain de Sel. « Je ne sais pas si cela fera avancer la situation, mais il faut y croire. » Il y a, par ailleurs, un projet d’habitat mixte qui est en cours dans les anciens locaux de l’UMT sur les lices Pompidou. C’est une étape de plus dans l’autonomie des jeunes.

Parmi les projets à l’étude pour ouvrir encore davantage le restaurant vers l’extérieur, l’idée de faire du Grain de Sel un lieu d’exposition pour des artistes, mais aussi un espace de rencontre pour les associations est à l'étude.

L’équipe n’oublie pas pour autant l’importance de se retrouver pour partager des temps forts comme lors du Printemps des cultures à Cantepau auquel le Grain de Sel a participé. Ce sera encore le cas, le 22 juin 2023, place de la Résistance, où le restaurant organisera sa fête de la musique avec une offre d’assiettes composées proposées sur la nouvelle terrasse du restaurant. De quoi l’inaugurer officiellement avec le public, au rythme des chansons. Eva se réjouit déjà de monter sur scène pour chanter, et esquisser, peut être, quelques pas de danse. « Sa joie de vivre », note Charlette, qu’on a bien envie de partager.

 

Le Grain de Sel
1 place de la Résistance (gare de la Madeleine)
Réservations au 09 82 66 35 25
Fermé en août
citoyens21albi@gmail.com

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