Claudie Routeau a fondé l'Université pour tous du Tarn il y a 25 ans

Le droit de se cultiver

Le droit de se cultiver

D.R

Nom
Routeau
Prénom
Claudie
Date et lieu de naissance
en Vendée

C'était en 1992, autant dire il y a déjà longtemps. Une année marquée par la fin de la chaîne La Cinq et le lancement d'Arte, l'entrée en vigueur du permis à points, la création de la carte à puce bancaire, ou encore l'arrivée de la Renault Twingo. Nostalgie.

À Albi, Claudie Routeau avait une idée qui lui trottait dans la tête depuis un certain temps : la création d'une université populaire.

Depuis sa découverte de celle de Cholet, c'était même devenu une obsession. Elle qui aurait pu reprendre la supérette de ses parents en Vendée, avait préféré opter pour une autre v(o)ie. « Personne ne pariait sur mon projet de créer à Albi une université populaire. Ma famille était dubitative et considérait que ce n'était pas sérieux. »

Une belle aventure associative qui permet chaque année à plus d'un millier d'Albigeois d'occuper leur temps libre... en se cultivant.

Raison de plus pour aller au bout de son rêve. Une de ses qualités revendiquée, c'est d'oser.
Il faut dire que Claudie avait exploré différentes voies avant de trouver celle qui lui correspondait.

Arrivée à Albi en 1976, elle avait vécu les « Seventies » avec insouciance, légèreté et un brin d'aventure. Elle évoque pour illustrer cette jeunesse libérée une expédition à Ceylan et dans le Sahara, un séjour à Paris, des petits boulots ici et là, ce qui donne une idée de ses premières années post-bac. « Je suis un peu nostalgique de cette époque », avoue-t-elle. « On avait le droit de rêver sans se donner de limites. Aujourd'hui, je suis un peu pessimiste quant à l'avenir. Notre société manque d'utopie et d'idéalistes. Soit on rentre dans le moule, soit on est vite décalé. »

Dit-elle cela en pensant aussi à elle ? La réponse n'est pas explicite, mais révèle une personnalité complexe qu'on ne peut pas réduire à ce que l'on en voit. « Difficile pour les jeunes de trouver leur place surtout quand ils doivent d'abord faire leurs preuves. Encore faut-il le leur permettre. »
Le 1er octobre 1992, elle portait donc sur les fonts baptismaux albigeois l'Université du temps libre du Tarn dont le nom changera en 2004 pour « Université pour tous du Tarn ». « La date de création est facile à retenir ; c'est le jour de naissance de ma fille ! » L'idée reposait sur le partage des savoirs pour tous et une invitation à occuper utilement son temps de loisirs. La première année, 220 personnes participent à l'une des quinze activités proposées parmi lesquelles on trouvait des cours de littérature, d’oenologie et d'histoire de l'art… Vingt-cinq ans plus tard, l'UPT compte 1 300 adhérents principalement albigeois et une centaine d'intervenants qui assure plus de 250 activités : cours, conférences, ateliers… La programmation évolue chaque année, même si certains cours restent des valeurs sûres et font le plein à chaque fois comme la langue des signes. « Il faut être à l'écoute des attentes du public, percevoir les tendances et les sujets d'actualité... ».

On a toute la vie pour apprendre et plein de choses à découvrir. Plus on a d'outils de réflexion, plus on sait où l'on va et moins on est soumis à la peur et à l'ignorance.

Depuis dix ans, l'Université pour tous est située sur le campus Champollion. Claudie Routeau, directrice de la structure, y occupe un petit bureau - petit n'est pas exagéré - il y a juste la place pour une table, deux chaises et une étagère. Elle s'en contente très bien.

Des dossiers de couleurs sont empilés avec soin. Dans le bureau d'à côté, sont affichées sur le mur toutes les couvertures des programmes de l'UPT depuis sa création. Claudie Routeau regarde avec sérénité le chemin parcouru et les deux années qui lui restent avant la retraite.

« L'Université pour tous est toujours là et le sera encore après moi. Aujourd'hui, elle est identifiée comme un lieu d'échanges, de rencontre et de partage. Je suis sûre que des mariages ont eu lieu grâce à elle ! La richesse de l'UPT est justement de faire se rencontrer des gens qui ne se seraient peut-être jamais croisés. Les activités créent de la convivialité et ça me réjouit de voir les adhérents heureux. Pour ma part, j'ai vécu au fil des années de grands moments de bonheur. »

Au niveau national, Claudie fait partie du conseil d'administration de l'association des universités populaires de France, dont celle d'Albi fait partie. En 2014, un colloque international a même eu lieu sur le campus de Champollion. Toutes les structures sont dans une même dynamique que résume bien Claudie : « On a toute la vie pour apprendre et plein de choses à découvrir. Plus on a d'outils de réflexion, plus on sait où l'on va et moins on est soumis à la peur et à l'ignorance. » C'est d'actualité.