Colloque patrimoine mondial & territoire : quelles promesses d'avenir ?

La Ville d’Albi a organisé au Grand Théâtre, le 22 juin dernier, le colloque « Patrimoine mondial et territoires. Quelles promesses d’avenir ? » Ce temps de témoignages et d’échanges autour de sites remarquables inscrits à l’Unesco et les valeurs qu’ils véhiculent, a rappelé l’importance de préserver ces biens au caractère universel, gage d’ouverture au monde.
 colloque patrimoine mondial & territoire : quelles promesses d'avenir ?

Le patrimoine à partager et à réinventer

C’est un peu à un voyage à travers la France, à la découverte de quelques-unes de ses richesses patrimoniales inscrites à l’Unesco, que la Ville d’Albi avait invité le public au colloque organisé le 22 juin, en marge des dix ans de l'inscription de la Cité épiscopale.

Les villes d’Arles et du Havre, le bassin minier du Nord et les caves de Champagne ont ainsi contribué, par leur diversité, à une discussion animée sur les valeurs du patrimoine. Un patrimoine résolument vivant qui contribue à l’attractivité des territoires, comme l’a indiqué en guise d’introduction le préfet de la région Occitanie, Étienne Guyot.

« Les biens Unesco sont de véritables locomotives autour desquels on peut développer des projets de développement. » L’État et les collectivités ont ici un rôle à jouer aux côtés des acteurs économiques et des citoyens invités à appréhender autrement ce patrimoine que sous le biais de monuments hérités du passé et figés dans le temps.

« Vouloir figer le patrimoine est une erreur », a d’ailleurs insisté Édouard Philippe, maire du Havre et ancien Premier ministre, « car il est beaucoup plus une réinvention et une réappropriation qu’une simple transmission. »

Retrouvez l'enregistrement vidéo du colloque sur la page YouTube de la Ville.

 

 

Un gage de fierté et d'identité

La valorisation et la sauvegarde du patrimoine offrent de fait la possibilité de transformer des territoires entiers, de les rendre à la fois plus beaux, plus vrais et plus attractifs. Le bassin minier, lourdement sinistré après la fermeture des puits, comme la ville du Havre, entièrement détruite lors de la Seconde Guerre mondiale, en témoignent et montrent un autre visage tout aussi remarquable de ce que la main de l'homme a laissé dans l'histoire.

Le questionnaire réalisé auprès des ambassadeurs d’Albi la Cité épiscopale a montré dans le même sens combien l’inscription à l’Unesco avait suscité chez les Albigeois de la fierté, un véritable sentiment d’appartenance et une ouverture au monde. La notion d’identité et d’universalité ont ici pris tout leur sens. « Nous faisons humanité ensemble », a résumé Patrick de Carolis, le maire d’Arles.

Un patrimoine fragile à préserver

Plusieurs défis restent néanmoins à relever car le patrimoine n’est pas toujours éternel, comme l’a rappelé Véronique Roger-Lacan, ambassadrice déléguée permanente de la France auprès de l’Unesco, en citant les bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan et la cité antique de Palmyre qui ont été détruites.

« Le patrimoine paraît aussi menacé voire remis en cause face à une uniformisation et une globalisation du monde », a remarqué Édouard Philippe. « Nous avons donc le devoir d’investir dans le patrimoine, de s’inscrire dans le long terme. Le patrimoine est en cela un lieu d’ancrage et de projets dans l’avenir. » Le maire du Havre n'a pas manqué de citer Notre- Dame de Paris ravagée par les flammes en 2019. « Défendre le patrimoine, le reconstruire lorsque c’est nécessaire, y compris en se fixant des objectifs ambitieux, c’est construire contre le temps. Conserver le patrimoine, le révéler, c’est lutter contre l’infinie fragilité de ce que nous sommes. »

À Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, a rappelé, tout en saluant l'engagement des Albigeois pour le patrimoine, que sa préservation reste une priorité encore aujourd'hui. Qu'on pense aux projets de restauration menés par la Ville, notamment dans la crypte de la collégiale dont les peintures ont été sauvées in extremis ou encore sur le Pont Vieux qui fait l’objet actuellement de toutes les attentions.

De quoi tourner le regard vers les jeunes générations qui, il faut l'espérer, sauront perpétuer les savoir-faire et les métiers anciens indispensables pour que ce patrimoine universel soit sauvegardé.

 

 
 
Organisé dans le cadre de l’année de célébration du 10e anniversaire de l’inscription au patrimoine mondial de La Cité épiscopale d’Albi (juillet 2020 à juillet 2021), le colloque intitulé : PATRIMOINE MONDIAL & TERRITOIRES : QUELLES PROMESSES D’AVENIR ? visait à faire connaître au grand public les enjeux d’une inscription au patrimoine mondial.
 
Les témoignages, réflexions et échanges de quelques représentants de biens français invités à s’exprimer sur le sujet, ont permis un échange fécond d’expériences et d’idées inspirantes pour les prochaines années.
 
 
 

 Édouard Philippe, maire du Havre et ancien Premier ministre

« Le patrimoine, ce n’est pas seulement ce que nos pères et nos mères nous ont transmis, mais c’est aussi la manière dont nos enfants nous l’enseignent à leur tour, la manière dont ils nous éduquent à leur façon de l’habiter, de le rendre vivant. (…) Investir dans le patrimoine, c’est s’inscrire dans le très long terme.

La relance économique de notre pays (…) ne pourra réussir qu’en accordant une place de choix à notre patrimoine, parce qu’il est un lieu d’ancrage et de projection vers l’avenir. »

 

 

Jean-François Caron, président de l’Association des biens français du patrimoine mondial, vice-président de l’association Bassin minier, maire de Loos-en Gohelle

« Nous vivons une époque de mondialisation et de banalisation. À rebours de cela, nous sommes invités à redécouvrir nos territoires et à redéfinir notre singularité sans chauvinisme ni communautarisme.
Au sein des biens inscrits à l’Unesco, nous faisons partie d’une communauté mondiale dans nos singularités. »

 

Stéphanie Guiraud-Chaumeil, maire d’Albi et vice-présidente de l’Association des biens français du patrimoine mondial

« Célébrer un anniversaire, c’est à la fois se remémorer les années écoulées pour en faire un bilan ; c’est aussi se projeter dans celles qui vont suivre. Car nous sommes impliqués ensemble depuis maintenant dix ans et c’est ensemble que nous allons écrire la suite de cette histoire. Je pense aux plus de mille ambassadeurs qui oeuvrent sans relâche en faveur de l’appropriation et de la promotion de notre inscription. Sans les Albigeois, ce patrimoine ne serait pas vivant. »

 

Patrick de Carolis, maire d’Arles, président de l’agglomération Arles Crau Camargue Montagnette

« Nous sommes les héritiers d’un patrimoine à transmettre qu’il faut entretenir et restaurer, d’où l’importance de former de futurs artisans. Nous sommes aussi des fondateurs qui doivent vivre avec leur siècle, penser à ce qui sera classé dans cent ans. Nous faisons humanité ensemble. »

 

 
 

 

 

 

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