Dans les entrailles de l'orgue de Saint-Salvi

Le remontage de l’orgue de la collégiale est en cours depuis le mois de février. Visite en coulisses de ce chantier exceptionnel par son ampleur et sa durée.
Dans les entrailles de l'orgue de Saint-Salvi

Pour accéder à l’orgue de la collégiale, il faut d’abord gravir l’escalier en colimaçon, dissimulé derrière une porte au fond de la nef, puis se faufiler dans un étroit couloir qui débouche quelques mètres plus loin sur l’instrument dominant fièrement la nef.

« Le génie de Maurice Puget a été de réussir dans les années 1930 à donner une certaine unité à cet orgue exceptionnel qui est l’un des rares instruments de ce facteur d’orgues à être conservé dans cet état », reconnaît Thierry Semenoux, technicien-conseil agréé pour les orgues protégées au titre des Monuments historiques auprès de la Direction générale des patrimoines.

Actuellement, il est en cours de remontage. Restaurées depuis 2020 à l’atelier du facteur d’orgues situé dans la Drôme, ses milliers de pièces sont de retour à Albi depuis le mois de février. L’ensemble forme un énorme mécano, où chaque pièce - certaines sont très petites et fragiles - a été numérotée soigneusement.

À son chevet, une équipe de facteurs d’orgues expérimentés effectue un travail de précision pour assembler les différents mécanismes entre eux. Si la restauration requiert un savoir-faire qui se transmet de génération en génération, elle comprend aussi l’intervention d’électroniciens chargés de la mise en place d’électroaimants entre la console sur laquelle joue l’organiste et le sommier qui distribue l'air sous pression aux tuyaux.

Orgues

2500 tuyaux à replacer

« L’installation des sommiers, pièces maîtresses de l’orgue sur lesquelles sont fixés les tuyaux, est une étape importante », indique Thierry Semenoux. « Une fois cette opération réalisée, les 2 500 tuyaux pourront être remis à leur place dont plusieurs dizaines de nouveaux correspondant à la création de trois jeux supplémentaires (ensemble des tuyaux NDLR) ».

Le remontage devrait se poursuivre durant les prochains mois, la dernière opération étant l’harmonisation de l’instrument. Le facteur d’orgue effectuera un réglage précis de chaque note au fur et à mesure de la remise en place des tuyaux.

« Il est intéressant de noter que les tuyaux, en bois ou dans un alliage d’étain et de plomb, sont de diverses époques et témoignent de l’histoire et de l’évolution de l’orgue qui était à l’origine installé à la cathédrale Sainte-Cécile », indique Thierry Semenoux. « On en trouve ainsi quelques-uns datant du XVIe siècle, mais surtout des siècles suivants et bientôt du XXIe siècle ! »

L’association Christophe Moucherel, qui a financé pour moitié la restauration (l’autre moitié a été prise en charge par la Ville d’Albi), réfléchit déjà à plusieurs temps forts pour marquer le retour de l’orgue à la collégiale, notamment des concerts d’inauguration.

Si l’orgue retrouvera bientôt son éclat, des révisions régulières resteront nécessaires afin de réaccorder l’instrument en raison des écarts de température.

Orgues 2