FENÊTRE SUR LE MONDE

Si plusieurs milliers de jeunes Albigeois ont appris le dessin grâce à Denis Miau, professeur d'arts plastiques pendant quarante ans à Albi, l'homme est aussi un artiste peintre confirmé.

F.Guibilato – Ville d’Albi

Nom
Miau
Prénom
Denis

L'atelier du peintre est situé dans une des pièces de son appartement qui domine le parc Castelnau à Albi.

Dans ce qui forme un jardin secret, où se joue l'alchimie des couleurs, s'empilent des dizaines de cadres et de tableaux. Près de la fenêtre, le chevalet accueille une toile en cours de création. Juste à côté, la palette du peintre est une oeuvre en soi avec ses couches successives de peintures qui se sont peu à peu agglutinées pour former une étrange sculpture éphémère. Le lieu dégage une atmosphère paisible, propice à la créativité, où l'on imagine sans effort le travail patient que mène l'artiste...

À la retraite depuis six ans, Denis Miau peint quasiment tous les jours. « Plutôt le matin, parfois toute la journée sans m'arrêter pour déjeuner… Tout dépend de l'état d'esprit. »  Généralement, tout commence par un dessin, une esquisse, un croquis. Le peintre a ses rituels qui témoignent d'un certain perfectionnisme, d'une longue expérience, voire peut-être d'une légère angoisse face à l’oeuvre en devenir.

Actuellement, il travaille sur le thème des chevaux, un choix original pour quelqu'un qui réalise plutôt des paysages. Ses dernières oeuvres évoquaient Albi ; l'une d'elles a d'ailleurs été offerte par le peintre à la ville de Lijiang lors de la visite du maire d'Albi en Chine pour l'officialisation du jumelage.

Denis Miau s'initie à la peinture dès l'âge de dix ans. « Je rêvais d'être artiste et de suivre les traces de mon grand-oncle qui était peintre… »

" Ma peinture est un appel à créer une relation émotionnelle et poétique avec le monde qui nous entoure."

À l’époque, un cousin qui tient une droguerie à Saint-Jean-de-Luz, lui fournit les couleurs. Sa mère lui achète les pinceaux et le jeune garçon dessine ce qu'il voit ou s'essaie à la copie de tableaux.

Après le bac, Denis Miau quitte Bordeaux, où il a passé toute son enfance, et s'inscrit à Paris au lycée Claude Bernard en vue de devenir professeur de dessin et d'arts plastiques. Là, sont enseignés les fondamentaux. Il suit en parallèle des cours à la Sorbonne, à l’École spéciale d'architecture, mais aussi à l’École des Beaux-Arts. Il développe peu à peu sa propre écriture.
Le Capes obtenu, il arrive en 1972 à Albi, où il enseigne les arts plastiques, d'abord à Rascol puis à Lapérouse avant d'intégrer le collège Balzac où il restera quinze ans.

S'il respecte scrupuleusement les programmes, il s'accorde une liberté pour les mettre en oeuvre et fait preuve d'originalité dans la pédagogie, ce qui lui vaut d'être apprécié par les élèves. « En quarante ans, j'ai fait le calcul : j'en ai eu 12 000 ! » De cette expérience, il garde un souvenir fort. « Mon travail consistait à éveiller leur créativité, à les amener à échanger sur leur travail et à réfléchir. »

En dehors des cours, il poursuit son travail d'artiste et enchaîne les expositions en France et à l'étranger. Des galeries l'exposent, comme celle de Nadine Granier à Albi. Les amateurs d'art sont au rendez-vous.

Une constante dans ses oeuvres, Denis Miau mêle judicieusement le figuratif et l'abstrait, s'affranchissant des codes et laissant libre cours à son imagination. 

Au niveau de la construction de l’oeuvre, chaque toile est pensée comme une fenêtre vers l'extérieur avec des cadres plus ou moins explicites. 

Inspiré par des peintres comme Nicolas de Staël ou Kandisky, l'artiste puise aussi dans ses nombreux voyages. Madagascar, où il se rend depuis une vingtaine d'années, est une destination privilégiée. 

Les paysages qu'il peint invitent de fait au dépaysement et à l'évasion. Les couleurs, les ambiances, les tonalités chaudes dont il s'imprègne mettent tous les sens en éveil. 

La nature et le végétal tiennent une place importante, où l'homme n'est jamais représenté. 

« La peinture est une aventure à la fois intérieure, mais aussi tournée vers les autres », peut-on lire sur son site internet en guise d'explication. « Ma peinture est aussi un appel à créer une relation émotionnelle et poétique avec le monde qui nous entoure. »

À chacun, ensuite, de se projeter dans le tableau et d'éprouver à son tour cette liberté que l'art offre à qui sait l'appréhender.