Frédérique Huc, portrait d'une femme engagée !

Présidente du Comité départemental de sport adapté et éducatrice sportive spécialisée dans un foyer de vie, Frédérique Huc partage au quotidien sa passion pour le sport avec des personnes en situation de handicap mental ou psychique.
Frédérique Huc, portrait d'une femme engagée !
L'échange vient à peine de débuter que Frédérique Huc commence par une petite mise au point : la distinction entre sport adapté et handisport.

« Beaucoup confondent les deux. Le handisport concerne les personnes en situation de handicap moteur, tandis que le sport adapté s'adresse aux personnes en situation de handicap mental ou psychique, ce qui n'implique d'ailleurs pas toujours de déficience intellectuelle. »

À travers le sport adapté, l'objectif est de permettre à toutes ces personnes, quelles que soient leurs capacités, de pratiquer la discipline sportive de leur choix dans un environnement favorable à leur épanouissement.

« Le handicap mental et psychique souffre hélas encore de clichés et d'intolérance. Il y a un gros travail à mener pour éduquer à la différence et lever certaines appréhensions. En cela, le sport est un bon vecteur d'ouverture et d'enrichissement ; il véhicule des valeurs comme le respect de l'autre, l'esprit d'équipe, etc. »

Pleinement engagée dans le milieu professionnel et associatif pour le développement du sport adapté, Frédérique Huc est depuis 2015 présidente du Comité départemental de sport adapté qui milite activement pour le droit pour tous de pratiquer un sport.

« Le comité a pour mission d'établir et d'organiser le calendrier des rencontres sportives loisirs et compétitions dans le Tarn. Il compte environ mille licenciés, jeunes et adultes. Notre objectif est de favoriser leur inclusion à travers la pratique du sport et de proposer une offre d'activités sportives pour tous, notamment ceux qui en sont éloignés. Nous collaborons dans ce but avec des clubs affiliés qui ont une section sport adapté et des éducateurs formés pour prendre en charge les sportifs. À Albi, les personnes en situation de handicap mental ou psychique peuvent ainsi, par exemple, pratiquer le basket, le tennis de table, le handball ou encore le salto. »

Originaire de Moissac, Frédérique a toujours vécu au bord du Tarn... C'est là, qu'elle a découvert l'aviron grâce à sa soeur, de dix ans son aînée, qui pratique ce sport en compétition et lui transmet le virus.

« C'est un sport d'endurance que j'ai adoré. Au fil du temps, le sport est devenu vital pour moi. J'ai besoin de ma dose quotidienne ! »

Après le lycée, Frédérique rejoint sa soeur à Albi pour suivre une formation « sport pour tous » proposée par Jeunesse et Sport. Elle intervient alors en milieu scolaire et périscolaire, mais aussi pour des clubs et des associations comme l'Omeps.

« Au début des années 90, j'assurais des heures à l'Institut Saint-Jean, où j'encadrais en aviron des jeunes en difficulté ou déficients intellectuels. »

Cette expérience l'interpelle. À la croisée des chemins, elle décide de se spécialiser dans le sport adapté.

« J'ai eu comme un déclic. J'ai su que j'étais faite pour ça. »

Elle suit une formation complémentaire à Toulouse et postule en 2002 à Lautrec dans un foyer de vie, géré par l'Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) qui accueille près de cinquante personnes.

« Nous accompagnons essentiellement des personnes souffrant de déficiences intellectuelles, de troubles autistiques ou trisomiques. C'est avec elles au quotidien que je partage ma passion pour le sport. »

Depuis bientôt vingt ans, Frédérique propose, organise et anime des activités sportives pour les résidents du foyer qui le souhaitent. Sport boules, natation, tir à l'arc, gym, marche, cross, athlétisme : le programme est varié.

« Le sport leur permet de rester en bonne santé morale et physique, mais aussi d'avoir davantage confiance en eux et de se confronter aux autres. C'est une bonne école de vie qui les sort de leur confort. »

Un travail où la patience et la persévérance sont parfois mises à rude épreuve : il faut prendre le temps d'expliquer, de gérer l'échec, de les stimuler sans jamais les infantiliser.

« Les performances, c'est important, mais ce qui compte c'est aussi le comportement. Je leur dis d'ailleurs souvent que je leur parle comme à des sportifs. Ici, on dépasse le handicap et on fait le maximum pour les intégrer. C'est un travail d'équipe avec une approche pluridisciplinaire. »

Depuis janvier, Frédérique organise à nouveau quelques sorties.

« Avec le Covid, les compétitions ont été annulées et certaines activités ne sont plus possibles comme la natation. »

Dès qu'elle le peut, elle sort donc avec les résidents du foyer pour des rencontres en club avec d'autres sportifs, en attendant de pouvoir reprendre le rythme normal des compétitions...

« Avant le Covid, nous partions souvent le samedi pour participer à des épreuves. Nous ne sommes jamais rentrés sans que plusieurs m'aient dit combien ils avaient aimé. Ça donne du sens à ce qu'on fait. »

En juin, une équipe de six joueurs du foyer devrait participer au championnat de sport boules prévu à Albi. Frédérique Huc sera là pour les accompagner et les encourager avec énergie et enthousiasme.