Henri Boulard

Henri Boulard est maintenant le président de "L'outil à la main".

F.Guibilato – Ville d’Albi

Nom
Boulard
Prénom
Henri

Si l'histoire d'Henri Boulard débute bien loin d'Albi - dans la Sarthe en 1952 - , elle prend une tournure décisive au début des années 70, lorsqu'il rentre aux Compagnons du devoir.

Une seconde famille qu'il ne quittera plus. « J'étais prêt à partir, j'étais attiré par le voyage. Les Compagnons du devoir ont été une révélation pour moi, même si j'étais passionné depuis longtemps par le travail du bois ».

Dans le cadre de son Tour de France qui durera cinq ans, il débarque à Toulouse puis séjourne un temps à Albi, où il participe à la construction des ateliers de la maison des Compagnons nouvellement créée dans le quartier Lapanouse. Il est alors loin d'imaginer qu'il retournera à Albi pour se marier, fonder une famille et travailler une trentaine d'années…

Le jeune aspirant compagnon poursuit son Tour de France en passant par Marseille, Lyon, Tarbes, Tours, Tarbes…

À chaque fois, une nouvelle entreprise l'accueille et le forme. « Ces expériences m'ont beaucoup apporté en me faisant découvrir différentes façons de travailler et en me donnant envie d'entreprendre. »

De retour à Albi, il commence dans une menuiserie comme responsable d'atelier. « C'était en 1975, j'avais 23 ans. »

Il entre ensuite au bureau d'études de la menuiserie Lagrèze située route de Fauch où il reste trois ans. En 1980, il trouve un poste chez Perrier, une entreprise du bâtiment spécialisée dans la construction de maisons individuelles. Deux ans plus tard, il franchit le cap et crée sa propre menuiserie à la Maladrerie. « À ce moment-là, il y en avait six dans le secteur. On m'a traité de fou ! Bien des années après, j'étais le seul à avoir survécu. »

En cause la crise, l'absence de repreneurs et la concurrence redoutable des grandes chaînes. Les débuts sont durs. « Le risque était réel, mais je m'étais promis de garder la tête haute et ne devoir rien à personne. »
Henri Boulard peut compter sur la solidarité d'un réseau d'artisans qui se partagent les chantiers selon leur domaine de compétence. « Le sur-mesure était notre force. Le travail était reconnu ; le bouche-à-oreille a bien marché. Ma femme m'a aussi beaucoup aidé. Elle m'a soutenue et a été une bonne conseillère. De mon côté, j'ai toujours tenu à garder du temps pour ma famille, même s'il m'arrivait de finir un chantier le dimanche. »

L'entreprise se développant, elle déménage dans un ancien atelier de menuiserie où elle emploie jusqu'à cinq employés dont des apprentis. « Le plus gros chantier dont je me souviens a été la restructuration de l'ancienne chapelle du lycée Lapérouse. »

Albi a été ma ville d'adoption ; elle m'a ouvert les bras. Je l'ai vue se transformer en une ville très agréable.

En 2012, après trente ans à la tête de la menuiserie, il passe le relais à un jeune Albigeois, Xavier Escrives, qu'il avait eu en cours. « Pendant trois ans, je suis revenu régulièrement le voir pour l'accompagner. Aujourd'hui, le cordon est coupé. » Un regard dans le rétroviseur laisse Henri Boulard sans regret. « J'ai eu la chance de faire un métier qui me plaisait, mais être chef d'entreprise est éprouvant ; je voulais tourner la page ; j'aspirais à autre chose ».

S'il est à la retraite depuis maintenant quatre ans, il n'a pas pour autant décroché… Il a maintenu ses engagements à la Chambre des métiers où il est élu depuis dix ans. Il est encore membre de l'association des commerçants artisans de la Maladrerie et oeuvre activement à l'animation du quartier. Il est enfin conseiller de quartier et s'intéresse à l'amélioration du cadre de vie d'une ville à laquelle il est attaché. « Albi a été ma ville d'adoption ; elle m'a ouvert les bras. Je l'ai vue se transformer et devenir une ville vraiment agréable. »

Les Compagnons du devoir le disent tous : « on reste compagnon même à la retraite. » Henri Boulard ne fait pas exception et a pris à coeur de transmettre son savoir-faire. Pendant plusieurs années, il enseigne à la maison des compagnons. Aujourd'hui, il lui arrive encore de venir rencontrer des jeunes apprentis pour témoigner de son parcours. « Avec d'autres anciens, nous racontons ce que nous avons vécu et ce qui a été important pour nous : les valeurs du travail et de l'effort, par exemple… » Henri Boulard reste pour autant lucide : « Les entreprises artisanales embauchent peu. Les carnets de commandes sont difficiles à remplir. »

Son souci de partager aux jeunes générations son savoir-faire l'a amené à s'investir dans l'association « L'outil en main en Albigeois » dont il est le président. L'idée est d'initier des enfants aux métiers manuels à travers des ateliers assurés par des bénévoles. Une quinzaine d'enfants est accueillie chaque semaine par des gens de métiers. « Nous avons un savoir-faire et nous ne voulons pas qu'il se perde. Le présenter à des enfants, c'est vraiment fabuleux. Beaucoup sont fiers de montrer à leurs parents ce qu'ils ont fait de leurs mains. Si nous réussissons à susciter des vocations, ce serait bien ! »