Jimmy Gaubert, nouveau directeur du SDIS du Tarn
Jimmy Gaubert
Tchiz
Le nouveau directeur du Service départemental de secours et d’incendie (SDIS) du Tarn a pris ses fonctions il y a quelques semaines. Rencontre avec un homme engagé, expérimenté et dont les maîtres-mots sont l’adaptation et l’anticipation.
À quoi ressemblent aujourd’hui vos journées ?
« Je commence généralement par un passage au Centre de traitement de l'alerte (CTA) et au Centre opérationnel départemental d'incendie et de secours (CODIS). Nous faisons un point sur les effectifs et sur les risques potentiels en consultant les prévisions météo et le calendrier des événements importants prévus dans le Tarn. Une réunion de l’État-major du SDIS permet de coordonner certaines opérations. Les après-midi, il m’arrive de me rendre dans un centre de secours pour rencontrer des sapeurs-pompiers, mais aussi les maires des communes. Il est important d’aller sur le terrain pour m’imprégner des réalités du territoire. En tant que directeur, mon travail a évidemment évolué. Ma première mission relève toujours de l’opérationnel, dans le sens où j’ai une charge de coordinateur et de manager. Cela implique des exercices réguliers comme celui que nous avons prévu bientôt sous l’autorité du préfet à la cathédrale Sainte-Cécile. »
De quels moyens dispose le SDIS actuellement ?
« Dans le Tarn, on compte 277 sapeurs-pompiers professionnels, 1 130 sapeurs-pompiers volontaires et 200 jeunes sapeurs-pompiers (JSP). Le département dispose de 31 centre de secours qui assurent au total 26 000 interventions par an soit en moyenne une toutes les vingt minutes. 100 643 appels ont été reçus par le Centre de traitement de l'alerte basé à Albi. Le SDIS emploie par ailleurs soixante-dix personnes sur le volet administratif et technique. »
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur le SDIS du Tarn ?
« J’hérite de bases solides. Le département a une bonne capacité opérationnelle, un niveau d’intervention correct, à la fois grâce à un bon maillage de ses centres de secours, un équilibre entre pompiers professionnels et volontaires et du matériel moderne. »
« Nous poursuivons aujourd’hui le programme de recrutement de sapeurs-pompiers professionnels de manière à consolider les effectifs, mais nous avons aussi besoin de recruter, de fidéliser des volontaires et de soutenir l’engagement citoyen. C’est une mission constante, notamment auprès des collectivités et des entreprises qui sont sollicitées pour libérer leurs employés en cas d’alerte. »
Quel a été votre parcours ?
« J’ai eu la chance d’être d’abord jeune sapeur-pompier. C’était en 1987, à Sarlat (Dordogne NDLR), où j’ai vécu. J’ai ensuite rapidement voulu m’orienter vers ce métier. J’appréciais l’idée de travailler en équipe : c’est ensemble qu’on réalise les missions, c’est ensemble qu’on affronte les difficultés. J’aimais aussi l’aventure, l’imprévu et le fait de devoir être disponible et réactif à tout moment. Je suis devenu sapeur-pompier volontaire en 1994 avant d’être officier en 1996. J’ai été affecté en région parisienne jusqu’en 2007 avant d’aller dans le Gers puis, en tant que directeur adjoint, en Aveyron et dans les Alpes maritimes. »
Pourquoi Albi ?
« C’était un choix de revenir dans le Sud-Ouest, dont j’avais gardé un bon souvenir. C’est évidemment un changement important, y compris pour ma famille, mais ma nouvelle mission est vraiment exaltante et passionnante. Pour la mener à bien, je compte bien tirer profit de mes expériences passées. Je n’arrive pas non plus en terrain inconnu. Il y a une trame commune à tous les pompiers ; on a le même vocabulaire. Je retrouve aussi des valeurs qui me parlent : engagement, cohésion, efficacité. Quant à Albi, c’est un plaisir de vivre dans une ville avec un patrimoine aussi riche et que les sapeurs-pompiers ont à cœur de protéger. Dans ce domaine, nous sommes d’ailleurs aux côtés de la Ville d’Albi dans le cadre de la coopération centralisée avec Abomey au Bénin qui possède également des monuments exceptionnels. Le SDIS y envoie des sapeurs-pompiers qui assurent des formations ainsi que du matériel comme des véhicules réformés. »
Comment sont perçus aujourd’hui les sapeurs-pompiers ?
« Leur image reste positive et leur action reconnue au sein de la société. Cela suscite d’ailleurs toujours des vocations, même si on constate moins d’engagements pour devenir pompier volontaire. C’est sûr que cela demande des formations, du temps et de l’organisation. En revanche, il faut casser les préjugés selon lesquels il faut être jeune, plutôt un homme et avoir de très bonnes conditions physiques. Pour l’âge, par exemple, nous recrutons jusqu’à 55 ans. »
Y a-t-il des évolutions dans leurs missions ?
« Nous notons, à l’échelle nationale, une augmentation du nombre de secours et d’assistance à personne. Cela s’explique, entre autres, par le vieillissement de la population. Pour autant, nous devons être prêts à répondre à des phénomènes climatiques extrêmes, que ce soit des feux de forêt ou des inondations. Leur intensité et leur fréquence nous obligent à revoir notre capacité opérationnelle. Il ne faut jamais négliger les risques d’incendie. Cela exige une bonne préparation. »
Comment vous y prenez-vous ?
« Pour répondre aux problématiques des feux de forêt, le SDIS du Tarn prévoit de renforcer sa capacité d’action avec de nouveaux matériels d’intervention. Nous devons disposer aussi de tous les éléments susceptibles pour nous aider à anticiper. Les prévisions météo et l’état de sécheresse actuel sont examinés avec attention. Nous avons néanmoins déjà pu constater l’été dernier qu’il y avait une forte mobilisation de la part des pompiers. Cette solidarité était réelle : 600 sapeurs-pompiers du Tarn sont d’ailleurs venus en renfort dans les régions touchées. »
Peut-on réellement anticiper toutes les catastrophes ?
« Lorsque la tempête Alex s’est abattue sur les Alpes maritimes, j’étais directeur adjoint du SDIS. J’ai participé à une opération de secours exceptionnelle face à une catastrophe d’une ampleur incroyable. C’était impossible d’imaginer qu’un de nos véhicules serait emporté par les flots sur une route. Nous y avons perdu deux sapeurs-pompiers. Cela nous apprend l’humilité. On ne peut pas tout maîtriser, mais cela ne nous empêche pas de nous adapter en permanence. La mission est parfois difficile ; la vie au travail n’est pas toujours un long fleuve tranquille, mais j’aime personnellement communiquer mon enthousiasme et la positive attitude qui m’habite ! »
■ AM260 - MAI 2023
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