La brique foraine
La Cité épiscopale d’Albi présente un ensemble exceptionnellement cohérent composé de façades aux parements de brique parfois enduite à la chaux. L’usage de la brique à Albi tient aux conditions géologiques locales, et à la rareté des carrières de pierre. À l’époque romane, pourtant, on construisait en pierre à Albi, comme en témoigne la base du clocher nord et les murs latéraux de Saint-Salvi, par lesquels a commencé l’édification de la collégiale.
Les carrières de proximité rapidement épuisées, les coûts engendrés par les transports pour les gisements plus éloignés, et les difficultés de tous ordres liées à la guerre de Cent Ans et à la crise de la société féodale expliquent l’abandon précoce de la pierre dès la fin du XIIe siècle.
Le choix se porte sur la brique : matériau très esthétique qui engendre des variations chromatiques selon la lumière et les saisons. On trouve à Albi l’emploi d’un module particulier que l’on nomme « brique foraine ». Ce terme proviendrait du fait que la brique était cuite dans un four, et de meilleure qualité par opposition aux briques crues, ou bien du fait qu’on la vendait essentiellement dans les foires.
La brique foraine répond à un module harmonieux, facilement manipulable (de 8 à 9 kg), de plus, ses dimensions moyennes (5,5 x 22 x 37 cm) en font un module approchant du nombre d’or (environ 1,618) correspondant à une recherche d’équilibre des proportions. La brique foraine avait une surface de portance très importante, qui permettait de monter des maçonneries complètes en se passant de tout élément de chaînage en pierre.
« (…) ses dimensions moyennes (5,5 x 22 x 37 cm) en font un module approchant du nombre d’or (environ 1,618) correspondant à une recherche d’équilibre des proportions. » |
L’usage de la brique était lié à l’esprit du gothique mettant en valeur la pensée technique et la structure. L’architecture gothique était une recherche dans la décomposition des différentes fonctions techniques, donnant à voir les éléments porteurs : arcs, piliers, murs.
Dans les édifices religieux, le triomphe de la brique se justifie pleinement car il va de pair avec le dépouillement et la simplicité des formes et des volumes. La cathédrale Sainte- Cécile est ainsi la démonstration exemplaire de l’art de bâtir en briques.
La fabrication
Il faut distinguer 5 stades dans la fabrication d'une brique :
- l'extraction de l'argile
- la préparation de la pâte
- le façonnage ou moulage
- le séchage
- la cuisson
L'argile extraite est arrosée fréquemment. Mêlée à une grande quantité d'eau, cette pâte molle est étirée et laissée dans un pourrissoir. Ce mode de fabrication nécessite un temps de mélange (eau plus argile) de deux jours. Ce mélange passe ensuite dans un broyeur finisseur. Reprise par un tapis roulant, l'argile finement broyée tombe dans l'entonnoir de la mouleuse. C'est une puissante vis sans fin qui pousse la pâte à travers une filière placée en sortie.
La pâte molle ainsi extraite nécessite un temps de séchage important dans des séchoirs de grande surface. Ce séchage s'effectue souvent sur des étagères dans un hangar. Un séchage trop rapide fragilise les briques.
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