Lionel Luquin, faire ensemble, c'est tellement mieux

Nantais pendant 25 ans, Lionel Luquin a été nommé à la tête d’IMT Mines Albi, où il a pris ses fonctions pour un mandat de cinq ans.
Lionel Luquin, faire ensemble, c'est tellement mieux

En arrivant en décembre à Albi, le nouveau directeur d’IMT Albi n’aura pas totalement été dépaysé. Déjà par la météo… « On m’avait vanté le climat chaud du Sud-Ouest, mais pour le moment, ce n’est pas prouvé ! », note-t-il amusé

La chaleur de l’accueil l’aura consolé en attendant les beaux jours. S’il connaissait déjà la région et Albi, Lionel Luquin ne regrette pas son nouveau port d’attache, certes un peu plus éloigné de l’océan, mais riche pour son relief et ses paysages propices aux randos. « J’ai été heureux de rejoindre IMT Mines Albi car elle est un peu la cousine de celle de Nantes, devenue depuis IMT Atlantique ; elles ont été créées à un an d’écart. L’école d’Albi fêtera d’ailleurs l’année prochaine ses trente ans. »

Chercheur en physique des particules, le jeune docteur intègre en 1996 l’école des mines de Nantes. « Un des mes sujets de recherche portait sur les premiers instants de l’univers. Dans ce cadre, je me rendais régulièrement au Centre européen de recherche nucléaire (CERN) à Genève pour y mener des expériences. » C’est là-bas qu’il participe à leur mise en oeuvre, aux mesures et aux analyses qui en découlent. C’est là aussi qu’il réalisera sa thèse sur un sujet que seuls les connaisseurs comprendront : « Étude de la production du J/Ψet du Ψ’ dans les collisions S-U à 200 GeV par nucléon »...

Passion pour le Big bang

Au CERN, Lionel Luquin aura la chance d’approcher de près l’accélérateur de particules le plus grand et le plus puissant du monde, un anneau de 27 kilomètres de circonférence qui court dans les entrailles de la terre. À l’intérieur, on y reproduit en miniature les conditions du Big bang qui s’est déroulé il y a de cela quinze milliards d’années. « Les expériences réalisées donnent de précieuses informations pour comprendre les formes qui régissent la matière. » Au fil de la discussion, on perçoit bien l’enthousiasme du chercheur, curieux de nature et avide de connaissances.

De ses passages au CERN, Lionel Luquin garde de très bons souvenirs de collaborations internationales. « C’est un lieu d’innovation, où il y a la volonté de faire ensemble malgré les différences de cultures. » Le travail de nuit, le rythme soutenu des expériences sont compensés par de belles rencontres comme celle avec le prix Nobel 1992, Georges Charpak. Grâce à lui, il découvre l’opération La main à la pâte, aventure qu’il lance en 1996, inspiré par le programme d’enseignement des sciences Hands on créé quelques années avant à Chicago pour lutter contre l’échec scolaire et la violence dans les quartiers défavorisés. « Cette opération de transmission des savoirs par l’expérimentation a été développée notamment à l’IMT d’Albi comme à Nantes », se réjouit Lionel Luquin.

Sa passion pour les sciences remonte pour sa part aux années collège où quelques enseignants lui donnent envie d’explorer à son tour les secrets de l’univers et les mystères de la physique. « Comprendre ce qu’on ne voit pas est fantastique. Qu’on pense aux ondes gravitationnelles imaginées par Einstein et dont l’existence n’a été prouvée qu’en 2014 !

La technologie, la conquête spatiale et l’histoire de l’aviation m’ont aussi toujours attiré ; ce sont pour moi des objets d’émerveillement. C’est incroyable ce que l’homme a réussi à accomplir dans le passé sans ordinateur ! » Deux tableaux représentant des avions d'époque figurent d’ailleurs en bonne place dans son bureau. Son déménagement n’était pas encore achevé en janvier, que cet amateur d’aéromodélisme avait déjà embarqué dans sa voiture deux avions qu’il aura plaisir à faire décoller d’Albi quand le temps le permettra. Pour le moment, il s’agit de prendre en main les dossiers de l’école.

Les pépites de l'école

Il y a tout d’abord le nouveau plan stratégique d’IMT Albi ainsi que le bilan du précédent. Ce plan s’attachera prioritairement à prendre en compte les attentes du monde socio-économique et de la jeune génération. La réforme des formations est aussi engagée depuis septembre. Chargé de la formation à Nantes puis directeur des formations et de la vie scolaire, Lionel Luquin connaît le sujet. « Former un ingénieur ne se réduit pas à lui apprendre à faire des calculs. Il y a aussi une responsabilité sociétale et sociale qui lui incombe.

Le développement technologique a un impact fort sur la planète et il est aujourd’hui indispensable, par exemple, de former des jeunes aux problématiques environnementales. Je suis heureux qu’ils s’approprient ces questions tout au long de leur cursus ; dans les années 90, nous n’abordions pas ces sujets sous cet angle. À nous de les accompagner dans leur réflexion et de faire de lycéens brillants des jeunes professionnels bien dans leurs baskets. »

Fervent défenseur de l’industrie française, Lionel Luquin est convaincu que les nouvelles générations d’ingénieurs ont une carte à jouer. « Là encore, ce sont les collaborations à l’échelle nationale et internationale, la capacité de faire ensemble qui vont être décisives. Je crois beaucoup dans la collaboration. » IMT Albi s’inscrit dans cette dynamique.

« Certes, l’école reste à taille humaine, mais on sait bien que ce ne sont pas les plus grosses étoiles qui brillent le plus dans l’univers ! Nous avons ici quelques pépites ! L’école a déjà une reconnaissance en France et à l’étranger notamment grâce à ses laboratoires de recherche. Les enjeux au niveau du développement de l’hydrogène et de l’intelligence artificielle ouvrent de belles perspectives. »

Lors de ses voeux aux élèves, le nouveau directeur a rappelé son souhait de maintenir tant que possible l’école ouverte en présentiel. « L’efficacité de l’apprentissage passe par l’interaction. La science est dans les livres, mais l’explication de la science est bien plus facile avec quelqu’un !

Nous avons besoin d’échanges et la taille de l’école s’y prête bien. » D’où la volonté aussi de permettre au public d’accéder à une culture scientifique et technique et d’ouvrir à nouveau l'établissement vers l’extérieur. « Nous espérons d’ailleurs renouveler bientôt un cycle de rencontres, des portes ouvertes et des conférences. » De l’humain avant tout et la conviction qu’ensemble, on peut faire de grandes choses.

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