Manon Martin, responsable des bénévoles de Pause Guitare

Manon Martin

Manon Martin

© Tchiz

Nom
Martin
Prénom
Manon

Pause Guitare mobilise cette année environ 1 300 bénévoles. Sans eux, pas de festival. Pour fédérer toutes ces bonnes volontés autour de cet événement festif d’une semaine, Manon Martin, d’Arpèges et Trémolos, est à leurs côtés.

 

Comment devient-on à 22 ans responsable des bénévoles à Pause Guitare ?

« Je suis originaire de la région parisienne. J’ai toujours eu envie d’un métier qui me plaise, me stimule et me permette d’être au contact des gens. En étant bénévole aux Transmusicales à Rennes, l’idée de travailler pour un festival a fait son chemin. Malgré l’inquiétude de mes parents, je suis partie à Lille pour me former au management et suivre un master culture et développement. C’est à cette occasion que j’ai fait un stage de six mois à Albi chez Arpèges et Trémolos... et j’y suis restée ! J’habite aujourd’hui dans le quartier culturel des Cordeliers et profite pleinement de la vie culturelle que m'offre Albi.

 

Pause Guitare, pour vous c'est...

Une belle et grande famille. L’équipe d’Arpèges et Trémolos est incroyable et les relations sont basées sur la confiance et la complémentarité. J’ai d’abord été chargée des bénévoles et de la  billetterie avant d’être, depuis l’année dernière, chargée de développement tout en conservant la « gestion » des bénévoles. Je m’occupe également de la programmation De bars en bars qui me permet de découvrir des groupes émergents. C’est intéressant de voir évoluer des jeunes artistes comme Lombre qui a été programmé à Bols d’air.

 

Que représente la musique pour vous ?

La musique est un art qui met en valeur la beauté et qui parle à tout le monde.

J’ai toujours été passionnée par la musique. J’en écoute beaucoup. Dans mes artistes préférés du moment, je citerai Orelsan, présent à Pause Guitare, mais aussi Stromae et Magenta. Cette année, je serai contente d’écouter à Pratgraussals les artistes M, Gaël Faye et, pourquoi pas, Gojira. Il s’agira de mon cinquième festival. La programmation est assez large avec des soirées thématiques, ce qui est une nouveauté.

 

Connaissez-vous tous les bénévoles de Pause Guitare ?

En cinq ans, j’ai appris à en connaître beaucoup et beaucoup me connaissent ; certains m’appellent d’ailleurs la « maman des bénévoles », la chef ou la boss ! Il y a bien sûr les fidèles de Pause Guitare qui viennent chaque année et posent même des jours de congé. À chaque fois, ce sont de belles retrouvailles. Il y a comme un air de colonie de vacances. Quant aux nouveaux, environ 200 à 300 chaque année, ma mission est de les accueillir du mieux possible avec les chefs d’équipe. Objectif : qu’ils reviennent l’année suivante !

 

Quelles raisons poussent les bénévoles à s'engager pour Pause Guitare ?

Les profils sont tout d’abord très variés ; certains viennent de loin comme Bordeaux et Montpellier ! Toutes les tranches d’âge sont également représentées.

Globalement, les bénévoles sont motivés pour vivre un temps fort ensemble, faire la fête, donner un coup de main, retrouver des amis, assister aux concerts, même si certains n’en voient aucun en raison de leur poste. C’est pour eux une belle parenthèse, une bulle hors du quotidien.

 

Comment préparez-vous le festival dans les mois qui précèdent ?

En amont, je reprends contact avec la cinquantaine de chefs d’équipe qui ont la responsabilité de bénévoles. La plupart connaissent bien leur mission et sont vraiment autonomes. L’échange est basé sur la confiance mutuelle. Nous réfléchissons ensemble à la manière d’améliorer l’organisation et de préparer la nouvelle édition. Je m’occupe aussi de recontacter l’ensemble des bénévoles et de recruter les nouveaux.

Mon travail consiste à voir comment on peut améliorer le bilan carbone du festival à travers un meilleur tri des déchets, la réduction du gaspillage, le choix de produits locaux et l’optimisation des modes de déplacements pour accéder à Pratgraussals. Les navettes fluviales qui viennent d’être lancées sont une bonne idée. Sur ce dernier point, nous incitons les festivaliers à moins recourir à leur voiture.

 

Quelles sont les missions des bénévoles ?

Pratgraussals et les autres sites forment une grande fourmilière où chacun a son rôle. Plusieurs équipes sont sur le pont, parmi lesquelles l’équipe restauration, la Volante qui vient en renfort, celle du lendemain qui nettoie le site, l’équipe Polo pour pôle logistique, celle du parking et de la billetterie, celle de la restauration... En moyenne, sur site, il y a en permanence 1000 personnes dont 600 à 700 bénévoles. Nous sommes reliés par talkie walkie. Pendant le festival, mon bureau est installé à Pratgraussals, où je gère les problèmes de dernière minute. On retrousse ses manches et on y va ! C’est assez physique.

 

Que vous a apporté le festival ?

Pause Guitare a été pour moi un véritable vecteur d’intégration à Albi, il m’a permis de connaître beaucoup de monde. J’ai appris aussi à travailler en équipe, à déléguer, à faire confiance, à relativiser aussi et à accepter que tout ne se fait pas comme on veut !

Forcément, la première année, il a fallu faire ses preuves. Après chaque festival, il me faut une semaine pour me remettre ! Ça fait toujours drôle de se retrouver chez soi après de si bons moments passés ensemble.

 

Un moment fort dont vous vous souvenez ?

En 2018, le soir du dernier jour du festival, après les concerts, je me baladais avec mon collègue quand on a entendu un sacré vacarme... En se rapprochant des stands de restauration, nous avons découvert les bénévoles qui organisaient un concert de percussions spontané avec ce qu’ils avaient sous la main. Ils saluaient les derniers festivaliers qui quittaient Pratgraussals. J’ai ressenti à cet instant une grande émotion.

 

Dans quel état d'esprit êtes-vous à quelques jours du festival ?

Je suis heureuse de retrouver une édition « normale » de Pause Guitare, sans restrictions, ni passe sanitaire, ni masque, ni jauge réduite. Il règne dans les bureaux une belle euphorie. Le plus compliqué dans les derniers jours qui précèdent, c’est gérer les priorités, et il y en a beaucoup. Il s’agit aussi d’être efficace tout en étant disponible pour les bénévoles. On n’a pas le temps de souffler ; on vit le festival à plein temps. Je serai aussi très contente d’accueillir comme bénévoles deux de mes sœurs qui ont voulu participer au festival !

 

Hormis Pause Guitare, votre vie c'est...

C’est aussi les autres festivals qu’Arpèges et Trémolos organise chaque année ; Bols d’air et Un week-end avec elles. Je suis aussi bénévole à Pollux asso, j’apprends le hip-hop et je me suis remise à la musique depuis un an ! Je joue actuellement des reprises de groupes que je poste sur Youtube et Instagram sous le nom Underscore (la fameuse barre du 8 sur le clavier NDLR). Un clin d'œil à mon mail qui en comprend un, ce qui est assez rare, paraît-il. Je joue de la guitare, du piano, je mixe et je continue d’apprendre en autodidacte. J’ai le projet, après le festival, de réaliser de nouvelles reprises et des compositions avec ma collègue et amie Justine, qui m’a permis de me rendre compte, il y a un an, que mon rêve de faire de la musique n’était peut-être pas si irréaliste. Un jour, peut-être, sur scène ? »

 

■ AM252 - JUILLET/AOÛT 2022