Poésie du voyageur

Alain Durand
Nom
Durand
Prénom
Alain

Après une trentaine d'années passées à l'étranger, où il a enseigné les sciences naturelles, Alain Durand est revenu à Albi avec des dizaines de milliers de photos qui nous invitent au voyage et à la rêverie…

C'est un homme chaleureux, souriant et avenant qui vous ouvre la porte de sa maison située au bord du Tarn dans le quartier de la Madeleine.

Il y vit depuis 2012 avec sa femme. Le lieu est paisible et offre une vue imprenable sur la Cité épiscopale.

« À l'origine, la maison était un café où se retrouvaient les ouvriers des chapelleries voisines », raconte-t-il, photo à l'appui.

De nombreux souvenirs de voyage, sculptures et objets divers, décorent aujourd'hui les différentes pièces aménagées avec goût. Plusieurs photos encadrées apportent une touche esthétique et artistique à l'ensemble. Toutes racontent une histoire, celle des aventures d'Alain à l'autre bout du monde et de son parcours comme photographe aguerri par des années d'expérience.

Alain Durand a vu le jour à Albi en 1942. « Ma famille vivait au-dessus du magasin de photos que mon père et ma tante tenaient rue Saint-Antoine. Mon père a monté ensuite son propre studio rue Croix verte. »

Le Vigan a été ainsi le théâtre de son enfance. Il y avait aussi la Librairie des écoles où travaillait sa tante. « J'y allais souvent après la classe pour lire tout ce qui me passait entre les mains. »

Sans le savoir, ses moments de découverte jouèrent un rôle déterminant par la suite. Il s'initia très tôt à la photographie aux côtés de son père, s'émerveillant à chaque fois que les photos apparaissaient dans le bain du révélateur.

Sa soif de voyage et de liberté trouve sans doute sa source dans le milieu familial. « Mon grand-père maternel avait vécu en Asie pendant plusieurs années . J'avais aussi un oncle, ancien résistant, qui avait cherché l'aventure loin d'ici et était devenu après la guerre chasseur de crocodiles en Afrique ! »

Après son bac, le jeune Albigeois, passionné par la botanique, se destine à devenir ingénieur agronome et fait des études à Toulouse. Il passe finalement le concours pour entrer dans l’Éducation nationale comme professeur de sciences naturelles et commence sa carrière là où il a été élève, au lycée Lapérouse. Il y enseigne de 1965 à 1974. « J'y ai retrouvé d'anciens profs qui sont devenus mes collègues ! »

C'est à cette période qu'il parcourt pendant trois ans le Tarn, appareil photo en mains, avec son ami Jean Roques qui travaille alors sur un projet d'ouvrage sur le département. Photographe naturaliste, il rédige également un manuel de référence consacré à la macrophoto qui sera vendu à plus de 100 000 exemplaires. « Le monde vu à la loupe prend une dimension nouvelle », écrit-il alors en avant-propos du livre. « Nous changeons d'univers, de milieu : le dépaysement est complet. »

S'il aimait découvrir l'infiniment petit, Alain Durand rêvait aussi de voyages et de contrées lointaines. « Je voyais mon chemin tout tracé à Albi, or j'avais envie de découvrir le monde. »

Il tente l'expatriation et décroche en 1974 un poste de professeur à Tahiti. Pendant six ans, il profite de ce coin de paradis pour en explorer les recoins. « J'ai beaucoup voyagé à cette époque sans jamais avoir conscience que je découvrais les facettes d'un monde qui, plus tard, changerait autant... » Il travaille pour le Guide bleu et réalise des guides touristiques sur la Polynésie et l'île de Pâques. Il se passionne aussi pour le corail et les perles qui font l'objet de reportages photos. En 1980, il part vers d'autres latitudes ; cap vers l'Italie, Rome, où il rencontre une diplomate allemande qui deviendra sa femme. Ils sont introduits dans le milieu artistique italien et s'enrichissent des rencontres et du patrimoine exceptionnel de la ville éternelle.

Puis c'est le retour pour trois ans à Paris, avant un nouveau départ pour Tanger puis Haïti où Alain finit sa carrière en 2001.

À chaque fois, il partage à ses élèves sa passion en créant un club photo au sein de l'établissement. Avant de rentrer à Albi pour la retraite, il s'offre avec sa femme un séjour de dix ans à Tahiti. Les lieux sont toujours paradisiaques et invitent Alain Durand à les immortaliser en images. Aujourd'hui, de son balcon qui domine le Tarn, Alain Durand continue de rêver en admirant l'eau couler quelques mètres en contrebas.

Récemment, il a réalisé une série de photos de la rivière, jouant sur les reflets et les couleurs. Le résultat est étonnant. Au fil du temps, il s'est affranchi des codes classiques de la photo pour évoluer vers des formes plus abstraites et plus contemporaines.

« J'aime sortir des sentiers battus et composer la photo à partir de détails. » Et de reconnaître là l'influence qu'ont eue sur son travail les peintres impressionnistes, mais aussi Kandinsky, Dali ou encore Picasso. « La photo est une poésie de la lumière et des formes », ré-sume-t-il. En regardant ses clichés, on le croit volontiers.

Crédit Photographie /  François Guibilato