Raymond Boissons, une aventure familiale

Philippe et François sont un des maillons de l'aventure Raymond Boissons commencée il y a bientôt un siècle. Philippe et François ont géré tous les deux l'entreprise albigeoise durant ces trente dernières années. La relève est assurée avec optimisme et sérénité malgré un contexte de crise qui affecte le secteur.
Raymond Boissons, une aventure familiale

L'histoire «Raymond Boissons» commence en 1927. À l’époque, Albi comptait des dizaines de bistrots, cafés, mais aussi des fabricants de limonade... Alodie et Henri Raymond, les arrière- grands-parents de Philippe et de François en rachètent justement une et produisent alors limonade et boissons alcoolisées dont la bien nommée La Rugby.

«Quand nous étions enfants, il y avait toujours au repas une bouteille de limonade sur la table», se souvient François. «J'ai conservé la recette et je n'exclus pas un jour de la produire à nouveau...», ajoute son frère Philippe. D'ailleurs, si le «jeune» retraité s'accorde actuellement une année sabbatique, il garderait bien un pied dans le business. Alors pourquoi pas une limo albigeoise ?

Longtemps délaissée face à la multiplication des sodas, la limonade artisanale revient en force à la manière d'une madeleine de Proust. «Mon fils en vend d'ailleurs dans sa boutique ouverte à Ranteil», précise Philippe. Héritier de ce passé, l'aîné de la fratrie conserve quelques bouteilles gravées «Raymond Boissons» ainsi que des siphons utilisés pour l'eau gazeuse appelée «eau de Seltz».«Il m'arrive encore d'en dénicher à la brocante...Elles étaient fabriquées par la VOA et certaines indiquent même le numéro de téléphone de la fabrique : 298... C'est dire leur âge !»

Jusqu'à la fin des années 70, l'entreprise familiale dynamisée par Henri, leur père, assurait à la fois la fabrication de boissons et leur distribution. «Elle réalisait notamment la production et la mise en bouteille des sodas Dop, Crush, Verigoud et de l'incontournable Orangina...», raconte Philippe. «J'étais plutôt fier d'avoir un père fabricant de boissons ! Pendant l'été, il nous est arrivé d'y travailler, mon frère et moi.»

Lorsque l'activité de fabrication a cessé suite à la décision des grandes marques de recentrer leur production, Raymond Boissons a alors tout misé sur la dis-tribution. C'est à cette époque, au début des années 80, que Philippe et François ont rejoint l'entreprise en vue de prendre la succession de leur père. «C'était vraiment une période de transition. Le contexte local n'était plus le même. Le nombre de bistrots déclinait et les petits fabricants de boissons avaient disparu.

Depuis, l'offre de produits s'est considérablement élargie – plus de 3 000 références chez Raymond Boissons ! Nous avons dû relever un sacré challenge en développant notre activité dans le Sud-Ouest et en défendant notre indépendance», se souvient François. «Cela nous a bien accaparés, chacun à nos postes. Nous avions la responsabilité de pérenniser l'entreprise et ce n'était pas gagné. Même en vacances, ça restait dans le coin de la tête.»

Pendant de nombreuses années, Philippe et François ont donc été avec leurs équipes à l'affût des tendances avec à l'esprit l'idée de développer la gamme vers le haut qu'il s'agisse du vin ou des spiritueux. «Nous nous apercevions bien que la consommation était désormais plus qualitative que quantitative», note Philippe. «Il ne s'agissait plus seulement de livrer des commandes, mais aussi d'accompagner nos clients en étant force de proposition pour être plus attractifs vis-à-vis du consommateur.» «Nous étions en veille permanente pour savoir ce que le client allait consommer demain», complète François.«Aujourd'hui, on peut dire qu'on a fait le boulot ; on laisse une entreprise saine, la relève est assurée.»

Bien qu'à la retraite, Philippe est resté proche de ses anciens collaborateurs et garde encore des liens affectifs avec l'entreprise située aujourd'hui à la Madeleine. «Tout d'abord, l'histoire ne s'arrête pas, l'aventure continue. Je reste disponible s'ils ont besoin de me solliciter pour un conseil. Pendant la période de confinement au printemps, mais aussi ces dernières semaines, l'entreprise a été à l'arrêt ; il n'y avait personne à livrer. Il a fallu tenir bon et préparer l'avenir pour être opérationnel au moment de la reprise et apporter notre soutien aux restaurants et aux bars dont certains sont en péril. Malgré tout, je sais que contre la morosité ambiante, le dynamisme reste la meilleure arme.» François est du même avis et rappelle combien le relationnel au sein de l'entreprise a été un élément fort, gage de stabilité et de fidélité.» Quant à la boisson La Rugby, la recette a disparu...

Un regret pour Philippe, d'autant que le rugby fait partie de l'ADN familial. «Notre père a été président du Sporting, et mon frère et moi avons longtemps joué au XV. Nous gardons encore beaucoup de liens avec le rugby et ne manquons pas un match. Raymond Boissons est d'ailleurs resté un partenaire fidèle du Sporting comme il l'est pour d'autres clubs et associations albigeoises dont Arpèges et Trémolo, l'organisateur du festival Pause Guitare.» On comprend leur attachement à Albi. La question de partir n'a jamais d'ailleurs été d'actualité.

«J'ai toujours vécu ici, hormis quelques années à Toulouse pour mes études», raconte Philippe. «Je suis très fier de ma ville et beaucoup de gens nous envient d'y vivre. Albi a évolué dans le bon sens, elle s'est embellie. C'est important pour moi de voir chaque semaine notre chère cathédrale et de faire partie des fidèles clients du marché couvert.» Un quartier qu'ils connaissent bien, puisque c'était celui où leur mère Françoise tenait sa boutique La Tartine. François, lui, aspire à son tour à profiter davantage d'Albi et de ce qu'elle offre d'espaces pour jouer au golf et faire du vélo... Une occasion pour les deux frères de se croiser et d'aller boire un verre...

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