Vincent Boutin : Un regard sur l'architecture

Graphiste et photographe

Vincent Boutin est graphiste et photographe.

F.Guibilato – Ville d’Albi

Nom
Boutin
Prénom
Vincent
Date et lieu de naissance
1979

Si vous ne connaissez pas Vincent Boutin, vous aurez peut-être vu ses photos à la médiathèque, à l'hôtel Rochegude ou dans des magazines spécialisés, à moins que vous ne l'ayez écouté jouer de la batterie au OFF de Pause Guitare en 2014...

Plus récemment, c'est à lui qu'on doit les affiches du concours culinaire organisé par l'association Toqués de design.

Albigeois de 36 ans, Vincent Boutin est un passionné d'architecture, de photo et de musique.

« Dans le cadre de mon travail de photographe, je m'intéresse de manière générale au rapport entre architecture et environnement. » L'exposition à la médiathèque était assez représentative de sa démarche. « Je souhaitais attirer l'attention sur le patrimoine du XXe siècle d'Albi qui est souvent méconnu et montrer que l'identité d'une ville ne se résume pas à son centre historique. » Et d'évoquer Albi la contemporaine avec les églises du Breuil ou de Rayssac, le Grand Théâtre et les nouveaux quartiers qui incarnent aussi la modernité.

Un regard sur son travail artistique révèle une curiosité insatiable pour le monde qui nous entoure.

Cela va d'un reportage sur les loisirs de masse à celui d'un élevage de cochons dans les Deux-Sèvres en passant par une exploration d'un ancien hôtel de voyageurs art déco à Cerbère.

Sa réflexion sur l'image débute au cours de ses études d'histoire de l'art. C'est durant sa thèse qu'il a le déclic.

Le sujet portait sur l'étude des pochettes de disques rock de l'ère psychédélique à nos jours, un clin d'oeil avoué à sa passion pour la musique. « En cinquante ans, nous avons assisté à une mutation des modes de consommation de la musique. Je voulais à la fois montrer que l'histoire de l'art doit s'intéresser à l'histoire contemporaine et que des pochettes de disque sont aussi de l'art. » Il se penche sur la question pendant trois ans et rédige 500 pages. Cela lui permet de s'initier au graphisme et d'avoir une corde de plusà son arc.

En 2006, il est engagé par le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement de Bourgogne afin d'inventorier l'architecture du XXe siècle de la région.

Un travail colossal qui l'amène à sillonner les routes pendant deux ans. « Il s'agissait, à l'aube du nouveau siècle, de faire un état des lieux de ce patrimoine parfois menacé, tout en sensibilisant les pouvoirs publics à sa richesse voire à sa préservation. »

Pour être le plus exhaustif, il s'intéresse autant aux monuments emblématiques qu'aux constructions plus ordinaires. « Pour le grand public, ce patrimoine moderne est souvent perçu comme de moindre importance. Or, l'architecture a été très inventive au XXe siècle. »

L'identité d'une ville ne se résume pas à son centre historique.

En 2009, Vincent et sa compagne décident de venir dans le Sud-Ouest pour y mener à bien leur projet respectif : Vincent voulait s'installer comme photographe d'architecture et graphiste. Séverine rêvait d'ouvrir un magasin de design.

« Nous avons visité la région et de toutes les villes que nous avons découvertes, c'est Albi qui nous a plu. Sa taille, sa proximité avec Toulouse, son patrimoine et son atmosphère de ville italienne nous ont séduits. » Séverine a ouvert Le Sens des choses rue de la Souque et Vincent s'est mis à son compte en élargissant son champ d'activité à la photo culinaire et au graphisme.

« Mes clients restent principalement des architectes de la région qui souhaitent communiquer sur leurs projets. »

Depuis l'année dernière, Vincent a collaboré à plusieurs reprises avec l'agence de l'architecte Dominique Perrault qui a conçu le Grand Théâtre. « Après l'inauguration du bâtiment, je lui avais proposé mes services. Il m'a demandé de lui fournir des photos relatives au mobilier, aux espaces intérieurs et aux luminaires. » L'agence lui a commandé par la suite un reportage à la Bibliothèque nationale de France à Paris et à la Cour européenne de justice à Luxembourg, deux bâtiments signés Dominique Perrault. « Il était intéressant de voir le cheminement de l'architecte et les similitudes entre les monuments. On retrouve en effet la maille et le travail sur les luminaires. »

À l'avenir, Vincent Boutin aimerait intégrer davantage l'humain au coeur de son travail afin de montrer que l'architecture est vivante et évolutive.

La réflexion sur l'homme et son mode de vie ne sont pourtant jamais bien loin comme en témoigne une de ses vidéos Global nowhere qui se compose d'une succession rapide d'images stéréotypées évoquant la surdiffusion d'images dont nous sommes abreuvés.

« Les photos que nous partageons via les réseaux et internet sont avant tout partage et étalage de nos propres expériences. Elles saturent notre perception etnous condamnent à recevoir des images déjà connues.

La mobilité et la connectivité de l’homme du XXIe siècle dans un univers globalisé modifient son appréhension du monde ; dans ces conditions, la notion de découverte devient toute relative car ces images annihilent le sentiment de surprise du voyageur. »

Vincent Boutin, par son travail, bouscule nos repères et invite à voir autrement notre monde.

Pour découvrir son travail, rendez-vous sur son site internet et sa page Facebook.