La crypte Saint-Salvi

C'est un lieu quelque peu mystérieux, un espace de 30 mètres carré, accessible par un double escalier en pierre dissimulé sous le maître-autel de la collégiale et qui n'a pas encore pas révélé tous ses secrets. En 2018, dans le cadre d’une programmation pluriannuelle de travaux dans l’église Saint-Salvi, édifice majeur de la Cité épiscopale classée monument historique, la priorité a été donnée au sauvetage des décors peints qui ornent encore aujourd’hui les murs de la crypte.
Mystérieuse crypte Saint-Salvi…

Mais que sait-on au juste de cette crypte ?

Jusqu'à la Révolution française, la collégiale abritait la sépulture de Salvi, évêque albigeois du VIe siècle vénéré par la population. Les évêques et tous les personnages importants venaient se recueillir sur son tombeau situé sous le chœur de l'église.

En 1720, Antoine de Metge, qui occupa la prévôté de 1717 à 1749, fit démolir l’ancien maître-autel du XVIe siècle. À l’occasion des travaux de fondation du nouvel autel, il découvrit ce qu’il identifia comme le tombeau de saint Salvi dans la crypte qu’il aménagea alors en chapelle. Au fond, furent aménagés un autel maçonné et une niche carrée.

Des traces de la chapelle primitive

Subsistent toujours des vestiges de périodes plus anciennes comme le banc de pierre qui court le long du mur et le décor peint de croix fleuronnées, de cercles et de losanges sur fond rouge. Datant du Xe siècle, ces peintures murales seraient les plus anciennes traces picturales du patrimoine de la Cité épiscopale et remonteraient à la première église romane, construite à partir de 940 à l’emplacement de la chapelle dédiée à saint Sernin.

Cependant, en raison d’un fort taux d’humidité à cet endroit de l’église, qui se trouve en-dessous du niveau actuel de la place Saint-Salvi, ces décors s’étaient fortement dégradés au cours du temps. S’ils étaient encore bien visibles sur la paroie nord, ils avaient quasiment disparus du côté sud. Il s’agissait donc pour la ville, propriétaire de l’église, de lancer sans attendre des travaux de restauration et de conservation.

En 2015, les études et sondages ont montré des signes d’accélération de l’altération des décors peints en raison d’un apport d’eau par infiltration, nécessitant des travaux d’assainissement et la pose d’un drain collecteur des eaux le long du chevet de la collégiale, sur la place Saint-Salvi. Préalablement à ces importants travaux, un diagnostic archéologique a été réalisé par l’Institut national de recherches archéologiques préventives en mars 2018 sous le pavement en briques de la crypte et à l’extérieur de l’église, le long du chevet. Les résultats ont révélé que la crypte avait été construite directement sur le sol géologique et qu’aucun vestige antérieur n’était présent. A l’extérieur, les résultats du diagnostic ont confirmé une présence humaine sur ce site dès l’époque protohistorique et ont donné lieu à une fouille d’archéologie préventive au printemps 2020, préalablement aux travaux d’assainissement programmés.

Découvrez la visite virtuelle de la crypte

À la recherche de vestiges enfouis

Pour comprendre un peu mieux ce lieu emblématique de la collégiale, l'étude de l'Inrap viendra s'ajouter à celles déjà réalisées ces dernières années. Un examen du sol permettra, par exemple, d'en connaître l'origine…

Un rapport de diagnostic lèvera peut-être le voile sur certaines questions restées pour le moment sans réponse. À l'issue de l'intervention des archéologues, débuteront des travaux extérieurs (côté place Saint-Salvi) visant à assainir le chevet de la collégiale afin de stopper les infiltrations d'eau qui affectent la crypte. Au préalable, l'Inrap aura effectué des fouilles préventives sous forme de sondages pour examiner ce qui peut bien se trouver enfoui sous le pavé de la place, au pied du chœur de la collégiale.

C'est une période excitante qui va s'ouvrir avec les fouilles programmées dès la mi-mars par l'Institut national de recherches archéologiques préventives, autour du maître-autel de l'église Saint-Salvi. Celui sous lequel se trouve une crypte médiévale d'environ 30 m2, mise à jour lors de travaux datant de la moitié du XVIIIe siècle. Difficilement accessible, aujourd'hui fermée au public, cette crypte possède des peintures murales malheureusement très dégradées par des infiltrations d'humidité. Estimées antérieures au Xe siècle, elles seraient pourtant les plus anciennes traces picturales du patrimoine de la cité épiscopale.

D'où l'urgence pour la ville, propriétaire de cette église classée et inclue dans le périmètre du patrimoine mondial, de lancer des travaux d'assainissement. Les études et sondages menés depuis 2015 par Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des monuments historiques, ont montré des signes inquiétants dans la crypte et dans la chapelle Saint-Louis.

«C'est une dégradation avancée qui s'est accélérée ces dernières années. Le conseil municipal a voté un budget de 280 000 € HT pour l'ensemble fouilles et travaux et demandé une subvention de l'état d'environ 40 % en juin dernier.

Le sauvetage des décors peints de la crypte

L’état de conservation des décors peints a nécessité un travail en deux temps : d’abord la consolidation de l’ensemble avant la restauration de la couche picturale. Lors d’une opération minutieuse, les morceaux d’enduit décollés de la paroi ont été soigneusement refixés à l’aide d’un mortier composé de chaux aérienne et de sable. L’ensemble a ensuite été consolidé en profondeur par des injections directement sous les enduits.

La couche picturale a ensuite été minutieusement nettoyée afin de retirer les poussières grasses et les résines accumulées durant les siècles. Cette opération a permis de retrouver l’intégrité des décors et d’assurer une meilleure lisibilité de l’ensemble.

Aujourd’hui la crypte de l’église Saint-Salvi reste un patrimoine fragile qui fait l’objet d’une surveillance climatique quotidienne afin de s’assurer d’un taux d’humidité satisfaisant. C’est la raison pour laquelle elle n’est pas ouverte au public. Une visite à 360° permet désormais au plus grand nombre de la découvrir.

Fouilles préventives : témoignages

Les fouilles préventives place Saint-Salvi ont dégagé plusieurs strates archéologiques qui parfois affleuraient. Explication par Raphaël Macario, archéologue au bureau d'investigations archéologiques Hadès, qui revient sur les méthodes utilisées, les outils, mais aussi les premiers résultats de ces fouilles qui ont révélé une page d’histoire de la ville. Retour en images